Tout a changé dans le pays qu’il ne faudrait pas s’étonner que le rapport à la politique ait aussi changé.
Il est à relever que la relation avec « l’art du possible » est, un peu partout, loin de l’enthousiasme et proche de la désillusion.
Avec un impact certain sur l’environnement, le possible a évolué en laissant derrière lui des cohortes de problèmes ; alors que l’art de les résoudre est resté figé, identique à lui-même.
Certes, « Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités » ; et même si ces dernières sont vécues et/ou appréciées de manière différente au sein de la société, celle du rapport des forces reste la prévalente.
Ce réalisme n’est pas toujours jugé à bon escient dans un contexte de sous-développement et où les inégalités sociales se creusent suite à une exploitation multiforme des uns par d’autres, quoique moins nombreux.
Quand les projets s’avèrent divergents ; et que les mots n’ont plus le même sens de part et d’autre, les malentendus se développent en opposition. Le dialogue est rompu et les bras de fer se multiplient et chacun mobilise comme il peut.
A cet imbroglio s’ajoute les manœuvres du colonialisme qui, sorti par la porte, revient par les fenêtres laissées béantes avant son départ.
Une politique de confrontation est ainsi menée. A côté des partis issus du Mouvement National ayant mené la lutte pour l’indépendance du protectorat, des partis vont se créer ; par l’Administration et pour administrer.
Des scissions s’effectuent, pour la clarification politique ; alors que la société évolue, de composite en patchwork contrasté, sous l’effet du néolibéralisme par lequel la marchandisation de tout et l’aliénation affaiblit les politiques publiques.
La tentation de l’opportunisme, de droite comme de gauche,captive certains sans pour cela qu’elle produise une politique éclairée conduisant au bienêtre de l’ensemble. Elle ne fait que répondre à l’ambition enragée de ceux qui croient que l’heure est propice à un putsch, à tenter l’aventure rebelle guidée de l’extérieur, à chanter dans les couloirs des facultés l’avènement du changement agitateur ou à vouloir entériner le religieux identitaire pour régir la vie quotidienne.
Le conflit, par cela créé, a été résolu par la violence et la répression dont les dommages persistent encore dans les corps et dans les esprits. Une politique relique, dans le sens qu’elle n’est plus en phase avec la dynamique actuelle, ronge encore une très faible minorité malgré la recherche de « l’équité et de la réconciliation » pour réparer ce qui pourrait encore l’être.
L’annonce d’une « crise cardiaque » aboutit au renforcement d’un processus démocratique initié dans le cadre de la consolidation de l’intégrité territoriale. Des années furent nécessaires pour aboutir à une alternance consensuelle. Partenaire de cette recomposition politique, la Koutla démocratique va se déliter suite aux querelles intestines. Il en sera de même du parti des « frères marocains », usé mais donnant de la voix chaque fois pour contrarier l’émancipation de la société et particulièrement celle de la femme.Le chant des ultras crie la situation de la jeunesse dans les stades de football alors que la radicalisation identitaire couve ;que de temps à autre, une cellule terroriste est arrêtée avant qu’elle ne mette ses desseins à exécution.
Dans ce cours, les partis politiques deviennent « le petit mur » du processus démocratique dont l’aspect zigzaguant s’accentue par la manifestation autoritaire et les carences d’un développement local encore sous tutelle.
Les réalisations dans l’infrastructure ne furent pas accompagnées par un développement humain élevé tel qu’il a été ambitionné dans leRapport du Cinquantenaire alors que l’horizon 2025 est si proche. Même « le nouveau modèle de développement » établi et servant de référence au programme gouvernemental actuel est occulté.
La marchandisation débauche les valeurs sensées préserver la représentation nationale dans des élections qui se répètent sans jamais obéir aux mêmes règles. Le commerce enrichit ceux qui le pratique dans le domaine de la santé, dans le domaine de l’éducation et de la formation et dans toute autre nécessité publique. Il reste cependant déficitaire avec l’extérieur malgré l’exportationdes tomates, des agrumes et des avocats ainsi que des phosphates …
L’inflation ronge le pouvoir d’achat de la très grande majorité de la population chaque jour davantage. Certes, les conditions économiques à l’international, les effets de la sécheresse ne sont pas aussi favorables pour retrouver « la voie de la confiance » chez la population ; sauf que certains se font plein les poches à l’instar des caisses de l’Etat où s’accumulent TVA et autres impositions …
Dans ce « désordre politique », des consultants veulent dissocier les personnes de leurs organisations politiques et continuent de rester sourds, comme le gouvernement, au « discours politique fort, (et aux) alternatives basées sur des données fiables et concrètes ». Le « peu d’efficacité » de ces derniers n’est-il pas à chercher dans la volonté du gouvernement de pratiquer la politique des « trois magots », ne rien entendre, ne rien dire et ne rien voir !
L’impression est que la politique se perd au Royaume alors qu’elle se pratique beaucoup plus etautrement, à la faveur des réseaux sociaux. Si cela conforte les anciens partisans dont le regard permanent sur le rétroviseur alimente leur nostalgie d’un passé magnifié à posteriori, malgré sa réalité affreuse, non productive et conflictuelle ; cela interpelle l’ensemble des acteurs du champ politique national à prendre en considération encore plus cette réalité. Si ça grouille sur la toile, beaucoup plus que dans le Café du Commerce d’antan, plus librement que dans les structures partisanes, à tort et à raison, informant plus et laissant la conviction à plus tard ; il reste à transformer cette action en vote pour que la pratique politique change mais ne se perd pas !