Attendons pour voir…
Ce jeudi 27 Juillet 2023, s’est ouvert à Saint Pétersbourg, la deuxième édition du sommet Russie-Afrique à laquelle devraient participer presque tous les pays africains du moment que 49 sur les 54 ont confirmé leur présence. Avant le lancement des travaux de cette rencontre, le président russe Vladimir Poutine fera un important discours puis s’entretiendra, par la suite, en tête-à-tête, avec chacun des 17 chefs d’Etat et de gouvernements présents ; à savoir, ceux d’Egypte, du Mozambique, du Burundi, du Zimbabwé, de l’Ouganda, de l’Erythrée, de la République Centrafricaine, de Libye, du Cameroun, du Sénégal, de la République Sud-Africaine, du Burkina Faso, du Mali et du Congo. Présenté, par les médias russes, comme étant un « évènement majeur » pour les relations russo-africaines, ce sommet se tient après le rendez-vous qui avait eu lieu en 2019 à Sotchi. Son volet économique comprend une composante humanitaire, censée diversifier le partenariat entre la Fédération de Russie et les pays africains et renforcer celui-ci dans les domaines politique, sécuritaire, économique, scientifique, culturel mais aussi en matière d’armement dès lors que Moscou avait déjà consolidé ses partenariats militaires avec le Cameroun, l’Ethiopie, l’Afrique du Sud, la République Centrafricaine et le Mali lors des deux tournées africaines effectuées, au début de cette année, par le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov car s’il est vrai qu’à l’époque des indépendances, l’ex-URSS avait contribué à l’armement de nombreux pays africains, il n’en demeure pas moins vrai, néanmoins, que le démantèlement du bloc soviétique avait donné un coup d’arrêt à cette initiative si bien que le président Poutine s’est attelé, ces dernières années, à réactiver leur réarmement. Mais si, d’après l’Institut International de Recherche sur la Paix de Stockholm, Moscou était parvenue à détrôner Pékin en tant que premier fournisseur d’armes en Afrique subsaharienne en passant, entre 2018 et 2022, de 21% de parts de marché à 26%, force est de reconnaître que la guerre d’Ukraine a compliqué la donne car aujourd’hui la Russie atteint difficilement 12% ; ce qui a fait dire à Julien Vercueil, économiste spécialiste de la Russie et vice-président de l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (INALCO), que « les exportations militaires en Afrique ne sont pas les plus significatives pour la Russie, ni en termes de niveau technologique, ni en termes de recettes en devises, bien qu’elles constituent l’un des vecteurs de l’influence russe dans la région ». Autant de raisons pour lesquelles, dans le message de bienvenue qu’il avait adressé, la veille, aux participants à ce 2ème sommet Russie-Afrique et qui avait été publié sur le site du Kremlin, le Président Vladimir Poutine avait tenu à leur rappeler, après les salutations d’usage, que Moscou a l’intention de développer davantage ses relations avec les pays africains en stimulant le commerce et les investissements et en luttant contre la pauvreté. Après avoir mis en exergue le rôle du continent africain dans le nouvel ordre mondial en pleine transformation, le président Poutine avait tenu à signaler, également, que, désormais, « l’Afrique s’affirme, de plus en plus, avec confiance, comme l’un des pôles du monde multipolaire qui est en train de naître ». Voilà en ce qui concerne le discours officiel mais qu’adviendra-t-il des engagements pris par Moscou et des échanges commerciaux prévus entre la Fédération de Russie et le continent africain alors que la guerre d’Ukraine continue à s’enliser et que les sanctions occidentales fragilisent considérablement l’économie russe ?
Nabil EL BOUSAADI