Le Nouvel An Amazigh, officiellement jour férié national
Mohamed Nait Youssef
Ce fut une décision royale historique. Tant attendue. L’instauration du Nouvel An Amazigh dit «id n usggas » ou « ixfn usggwas », en tant que jour férié officiel payé, à l’instar du 1er Mouharram de l’année de l’Hégire ou le jour de l’An du calendrier grégorien, est une reconnaissance de la profondeur de la culture et de la civilisation marocaines. Le mercredi 3 mai fera certainement date.
« Cette initiative royale vient consacrer la Haute sollicitude dont Sa Majesté le Roi, que Dieu Le préserve, ne cesse d’entourer l’Amazighe en tant que composante essentielle de l’identité marocaine authentique riche par la pluralité de ses affluents et patrimoine commun à tous les Marocains sans exception », peut-on lire dans le communiqué du Cabinet Royal.
Incontestablement, c’est avec une grande joie que les composantes du mouvement culturel Amazigh ont accueilli cette consécration de l’amazighe après son instauration comme langue officielle aux côtés de la langue arabe, dont les retombées ne seront que bénéfiques sur tous les niveaux : culturel, institutionnel, législatif et dans la vie publique.
«La décision hautement historique du Souverain marocain d’instaurer le Jour du Nouvel An Amazigh (Id n Innayer – Hagouza pour les darijophones) comme fête nationale officielle constitue une révolution dans l’histoire du Maroc moderne eu égard à sa portée identitaire et symbolique et partant historique.», a souligné le chercheur et acteur amazigh, Moha Moukhlis.
Pour l’activiste amazigh Ahmed Assid, « la décision royale qui reconnaît le nouvel an amazigh comme fête nationale et jour férié payé, est une décision attendue depuis un certain temps, et a été pavée pour les festivités du peuple marocain dans toutes les régions du Maroc, qui célébraient les biens de la terre et de l’entité nationale et sa noblesse historique sur la géographie de l’Afrique du Nord. »
Certes, « Id Yennayer » est une fête festive, vivace et conviviale célébrée dans la joie, le partage, l’hospitalité autour des plats, mets spécifiques, entre autres, Tagwlla, couscous aux sept légumes et fruits secs. Mais pas que… A vrai dire, cette tradition ancestrale liée à la terre, à la nature et à l’homme qui y habite se varie; une région à l’autre et marque l’originalité, voire la singularité des us et coutumes des ancêtres.
«Cette réponse royale à l’une des anciennes revendications du mouvement amazigh est très importante parce que à l’ère de Mohammed VI, depuis le discours du trône de 2001, nous avons senti un intérêt non seulement à la chose amazighe, mais à l’identité et au patrimoine marocains.», nous confie l’acteur et militant amazigh, M’hamed Sallou.
Et d’ajouter : «L’instauration du Nouvel An Amazigh comme fête nationale est une reconnaissance de la profondeur de la culture et de la civilisation du Maroc. C’est une reconnaissance de la profondeur de l’identité marocaine.».
«Id Yennayer» remonte à un millénaire avant Jésus Christ, et aujourd’hui ce rituel cérémonial est célébré, à la manière des anciens, par les marocains dans les quatre coins du pays. Comme à l’accoutumée, les amazighes, très attachés d’ailleurs à cette tradition rurale hivernale, ne manque pas ce temps fort de l’année pour renforcer les liens et valeurs du partage, du don, de l’entraide et du vivre ensemble.
La célébration de cet événement, explique la poétesse et militante amazighe, Khadija Arouhal, a une grande portée liée à notre identité nationale enracinée et ancrée dans l’Histoire marocaine connue par ses civilisations multiples.
«C’est une fierté. Sa Majesté le Roi a répondu à l’appel des amazighs marocains en instaurant ce jour comme fête nationale qui est célébré dans les quatre coins du Royaume. Cette reconnaissance est le fruit des efforts et des luttes des militants et acteurs amazighs.», a-t-elle révélé.
Par ailleurs, cette décision Royale ne peut que revivifier notre mémoire à la fois historique et identitaire collective et célébrer, voire sauvegarder notre patrimoine amazighe riche et millénaire.