Attendons pour voir…
Si, dès le déclenchement de ce qu’il a été convenu d’appeler, aujourd’hui, « guerre de Gaza » alors qu’il s’agit d’un véritable génocide, les campus américains avaient commencé à « bouger » et, qu’à quelques semaines de la fin de l’année universitaire, les manifestations et les sit-in s’y sont multipliés, le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils sont en effervescence depuis que les étudiants ont commencé à exiger que leurs établissements rompent leurs partenariats avec les entreprises liées à Israël ou qui tirent profit du massacre dont sont victimes les populations civiles de l’enclave palestinienne de Gaza.
Aussi, la question de la « guerre de Gaza » s’est-elle rapidement transformée en un débat mouvementé et parfois même très violent sur la liberté d’expression notamment qui a poussé des étudiants et des enseignants à accuser leurs universités de chercher à censurer le discours politique et des élus du Congrès à accuser ces derniers de chercher à attiser l’anti-sémitisme.
Le campus de l’Université de Columbia, au nord de Manhattan, à New York, étant rapidement devenu l’épicentre de la bataille quand des responsables politiques venus de Washington ont commencé à s’y inviter en pleine campagne électorale, le conflit qui a lieu dans la bande de Gaza est sur le point de prendre la forme d’une épine dans le pied du président Biden et de donner, à une bonne partie de la jeunesse américaine et à de nombreux électeurs juifs, l’occasion de lui tourner le dos.
Aussi, après avoir fermement condamné, dans l’allocution qu’il avait prononcé mercredi, devant des étudiants propalestiniens qui dénoncent le soutien américain à Israël et la brutalité de la guerre menée à Gaza par l’entité sioniste, les propos anti-israéliens émanant des étudiants de cette prestigieuse université et « l’inquiétante montée d’un antisémitisme virulent » sur les campus, le speaker républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, avait sommé ces derniers de « retourner » à leurs cours et d’arrêter de proférer des allégations qui conviendraient aux « ayatollahs iraniens » et non pas à des « législateurs » et à « des étudiants américains ».
Mal lui en prit car la situation a pris un dangereux tournant avec l’arrestation, jeudi 18 Avril, d’une centaine d’étudiants, sur demande d’une présidente d’Université qui a affirmé avoir constaté des comportements « hostiles et perturbant l’ordre public » alors que ces interpellations ont créé une onde de choc dans plusieurs campus allant, d’après le ‘Washington Post’, « de l’université de Yale et du MIT sur la côte Est à l’université d’Etat de l’Ohio au centre du pays, en passant par l’université de Stanford et l’université de Californie à Berkeley, à l’Ouest ».
Mais si le ‘Times’ parle, de son côté, de la mobilisation d’une douzaine d’universités, il y a lieu de signaler, également, qu’en estimant que « personne sur la place n’avait été, à aucun moment violent ou anti-sémite », une association de professeurs de l’Université de New York, a vivement condamné la décision « injustifiée » de cet Etablissement de faire appel aux forces de l’ordre et une enseignante de confession juive s’est même dite « extrêmement secouée de voir comment l’anti-sémitisme est instrumentalisé et utilisé à mauvais escient […] pour mettre fin à la liberté académique, au libre-débat et à la pensée critique ».
La révolte estudiantine finira-t-elle par avoir raison du président de la plus grande puissance mondiale pour son incapacité à mettre un terme à l’horreur du génocide en cours dans l’enclave palestinienne de Gaza alors même qu’elle est diffusée en boucle par toutes les chaînes de télévision de la planète ?
Attendons pour voir….