«Rêves avortés de femmes mazaganaises», de Khatiba Moundib, à mi-chemin entre le réel et l’imaginaire

Vient de paraître

Par Dr. Réda Bejtit *

Sans doute qu’il est difficile d’écrire un roman, et probablement encore d’avantage un ensemble de courts récits biographiques, inspirés du vécu, ou fictionnels !

Pourtant, l’écrivaine Khatiba Moundib s’est attelée à ces deux tâches, après la publication en 2018 d’un roman d’obédience autobiographique, Bribes d’une vie entre tradition et modernité (1), où elle consigna une partie de sa vie, racontant et décrivant le patrimoine immatériel de la ville avec talent, voilà qu’elle revient sur d’autres bribes des vies dans ce recueil de nouvelles, «Rêves avortés de femmes mazaganaises, à mi-chemin entre le réel et l’imaginaire : dans chaque micro-récit, une douzaine exactement, elle raconte un fragment de vie de personnes, devenus personnages de roman, ayant vécu à El Jadida, toponyme auquel elle préfère celui du nostalgique Mazagan.

Qui étaient ces femmes dont la narratrice raconte les vies brisées ? en lisant leurs histoires, racontées avec la tonalité poétique de l’écrivaine, le lecteur aura presque l’envie de faire revivre ces personnages, ou ces personnes, peu importe, pour leur donner une seconde chance ! Mais, quand la mort est au rendez-vous et que la fatalité s’invite, dramatiquement ou tragiquement, la vie ne laisse aucune autre chance ! Ces femmes, françaises et marocaines, ont certes eu des destins particuliers, mais le romanesque est là, parfois, pour atténuer cette dimension tragique, pour n’en faire qu’un drame, comme tant d’autres ! la vie ne vaut pas la peine d’être vécue comme le pensait l’existentialiste, mais s’il n’y avait que ce côté tragique ou dramatique de la vie, autant le vivre ! Et si mort s’en suit, rester pour la postérité, ne serait-ce que comme personnage de roman, ou de recueil de nouvelles !

Ces douze femmes, l’écrivaine a eu l’intelligence de s’immiscer dans leurs vies d’antan, pour nous rappeler qu’elles vécurent à Mazagan ! Pour les faire revivre, ne serait-ce que l’instant d’une écriture, d’une lecture, ou d’un souvenir ! Parmi elles, on trouve la dame aux chrysanthèmes : qui est-elle ? A-t-elle un nom ? Ou dans le fond, ce n’est pas cela le plus important !

Ces douze micro-récits passionnants peuvent se lire d’un seul trait, nous invitant à une réflexion philosophico-poétique sur la vie qui, par moments, ne fait de cadeaux.

*(Professeur à l’Université Chouaib Doukkali

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines d’El Jadida)

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Bio express de Khatiba Moundib

Native d’El jadida, dans le Mazagan qu’elle chérit au point d’y élire domicile, Khatiba MOUNDIB est une poétesse et romancière qui opté pour la langue de Molière comme outil d’expression.

Ses talents de poétesse se sont révélés suite à l’attentat terroriste du 16 mai 2003 à Casablanca : Larmes de sang (2014) sera dédié à toutes les victimes du terrorisme dont fera partie un frère qui comptait énormément. Elle publia d’autres recueils tout aussi intéressants : Envolées lyriques (2015), Errances (2017) et Bris de Silence (2021), sans oublier différents poèmes dans des recueils collectifs.

Membre fondateur de la ligue des écrivaines du Maroc-Section El jadida, elle influença la scène régionale, aussi bien que nationale, par l’organisation d’activités culturelles d’une certaine envergure, et de salons littéraires, avec le seul objectif de promouvoir la littérature d’expression française, mais également arabe, alors qu’elle fut professeur de français.

Elle a aussi milité dans différentes associations pour les droits des femmes, pour la lutte contre le terrorisme, pour la paix et le savoir-vivre ensemble, entre autres. Elle milite également pour la défense du patrimoine marocain, et notamment doukkali, voire mazaganais, ce qui a donné lieu à un roman qui mérite d’être lu et relu : Bribes d’une vie entre tradition et modernité (2018).

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