Le Parquet enquête, la DGAPR condamne
Publiée au début sur un site d’information, puis retirée rapidement, une vidéo montrant Nasser Zefzafi presque nu a fait le tour de la toile, suscitant stupéfaction, réprobation et condamnation des internautes, parfois dans des termes violents.
Presque sur toutes les langues, la même question se reproduit : qui a intérêt à diffuser cet enregistrement qui bafoue les droits les plus élémentaires d’un détenu? Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme souligne qu’il s’agit «d’une humiliation d’un citoyen isolé, voire une atteinte flagrante à la dignité d’un citoyen qui transgresse toutes les valeurs éthiques et les règles de droit», mettant l’accent sur le fait que «la dignité de tous les Marocains constitue une ligne rouge à ne pas franchir», lit-on en substance sur sa page Facebook. À en croire le responsable gouvernemental, même le ministre de l’Intérieur «n’a pas du tout apprécié une telle diffusion», indiquant dans ce sens qu’ils se sont convenus «d’ouvrir une enquête, ce qui n’a pas tardé à trouver l’adhésion immédiate du ministre de la justice».
Pour l’heure, c’est le black-out total si ce n’est une demande d’enquête décidée par le parquet et une condamnation de l’Administration pénitentiaire. Jusqu’à présent, aucune information n’a été divulguée, ni sur la période ni le lieu, et encore moins sur les circonstances d’enregistrement de cette vidéo.
Ainsi et afin de tirer cette affaire au clair et lever toute ambiguïté, le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Casablanca a donné ses instructions pour ouvrir une enquête exhaustive. Le but escompté est celui « d’élucider les circonstances de l’enregistrement de cette vidéo et la finalité de sa publication, afin de prendre les mesures légales nécessaires à la lumière des résultats de l’enquête », indique un communiqué relayé par la MAP.
De son côté, la Délégation Générale à l’Administration Pénitentiaire et à la Réinsertion (DGAPR) a rejeté dans un communiqué rendu public, le lundi 11 juillet, toutes les accusations tout en démentant catégoriquement que la vidéo a été enregistrée dans la prison. La DGAPR a motivé son rejet du fait que Nasser Zefzafi, «n’a jamais porté les vêtements apparus sur la vidéo, depuis qu’il a été placé à l’établissement pénitentiaire jusqu’à maintenant».
Abondant dans le même ordre d’idées, le département de Mohamed Salem Tamek a tiré à boulets rouges sur ce qu’il a qualifié de «sites prépayés par les prétendants de la défense des droits de l’Homme, visant à manipuler l’opinion publique, tout en déclarant avec insistance que «les caractéristiques matérielles du lieu où la vidéo a été enregistrée ne figurent dans aucune des salles de la prison locale Ain Sebaa 1».
Khalid Darfaf