On n’est pas du tout prêt à comprendre pourquoi le train s’est arrêté à Marrakech et ne peut poursuivre son parcours jusqu’à Agadir, comme ce fut le cas pour l’autoroute ! On a beau attendre le tour de la voie ferrée pour continuer ce chemin, il semble bien que cette doléance est loin de se faire assouvir. Et c’est bien dommage pour deux grands pôles touristiques dont le marché intérieur des voyages de tous les coins du pays pourrait drainer une plus-value incontestable.
L’on se rappelle la mobilisation de nombre de parlementaires qui s’est tissée, il y a quelques années, alors que la réalisation autoroutière n’était qu’une chimère dans le mirage, pour s’approprier un service de transport névralgique à plus d’un titre. Aujourd’hui, après maintes interventions auprès des décideurs, ce grand chantier a enfin vu le jour, à la satisfaction des usagers de la route. Maintenant, faut-il se contenter de cette infrastructure de base qui s’insère dans la politique des grands travaux qu’entame la nouvelle ère avec constance et conviction? Certes, l’autoroute répond à des exigences multiples dont notamment la réduction notoire des taux d’accidents, surtout aux alentours du tronçon meurtrier Ameskroud/Argana, le gain salutaire en termes d’horaires de trajet, la promptitude du trafic commercial, en particulier les produits halieutiques et agroalimentaires…
Cependant, le service ferroviaire demeure, pour les grandes masses, une nécessité impérative, au moment où les besoins de déplacement nord/sud et inversement sont de plus en plus insistants. En effet, il s’avère frustrant que le chemin de fer s’arrête, des décennies durant, à la cité ocre, alors qu’au delà, les trains sillonnent en long et en large les parties nord/est et nord/ouest, sans que le sud ne bénéficie de la moindre locomotive, soit plus des deux tiers du territoire national dépourvu de ce service public vital. C’est quand même désolant! On ne cessera de qualifier la région Souss Massa de second pôle économique et première station balnéaire du pays, toujours est-il que cette exclusion ferroviaire représente un sérieux handicap à la consolidation de cette place de choix, à l’heure de la régionalisation avancée dont les transports, toutes sortes réunies, joueraient un rôle primordial. Les provinces sahariennes qui vivent actuellement une véritable éclosion infrastructurelle se trouvent pareillement handicapées par cette indigence transportière.
Il va sans dire que le renforcement du front intérieur à travers des performances développementales, en vue d’immuniser l’intégrité territoriale contre les assauts des ennemis de la cause nationale et de maintenir les populations dans leurs camps pour une meilleure régulation spatiale, passe inéluctablement par la mise en place des moyens infrastructurels dont la voie ferrée reste un dispositif de force majeure. Le train devra donc siffler également dans les gares du sud vers Laâyoune, en passant par Agadir, Tiznit, Guelmim, Tan Tan…C’est excessivement onéreux, mais cela vaudrait la peine! Il faudrait s’y atteler pour de bon, dès maintenant, car le triste slogan «Maroc utile et Maroc inutile» plane toujours.