Pour son grand oral devant la Chambre des représentants, tenu lundi, le chef du gouvernement a été interpellé sur «la portée sociale des politiques publiques».
De toute évidence, le système de compensation, dont la réforme cristallise toutes les attentes et toutes les frustrations, n’a pas échappé au débat. Les groupes parlementaires ont attiré l’attention sur le fait que les dépenses de compensation profitent plus aux riches qu’aux pauvres. Saâd Eddine El Othmani l’a lui-même reconnu. Ce qui explique d’ailleurs sa détermination à poursuivre la levée des subventions du sucre, farine et gaz butane. «Nous sommes déterminés à poursuivre la décompensation. La réforme sera progressive, mais sans pour autant toucher aux catégories de personnes pauvres», a-t-il dit. El Othmani a rappelé que son gouvernement planche sur un programme de ciblage de ces personnes.
Cette fois-ci, il a annoncé que ce programme sera prêt en 2018. Et c’est justement à travers ce ciblage que le chef du gouvernement entend améliorer la portée des politiques publiques. Cela permettra aussi, souligne-il, de répondre au problème de convergence des stratégies publiques, et par conséquent de mettre fin au dérapage des personnes qui bénéficient de plusieurs programmes aux objectifs similaires ou qui ne répondent pas aux critères exigés. Le gouvernement entend remédier à ces mauvaises pratiques à travers la mise en place d’un registre social unique (RSU).
Le projet a été confié au ministère de l’Intérieur. Selon El Othmani, ce registre constituera une base de données exhaustive incluant les ménages éligibles aux programmes sociaux. Sachant que ces ménages seront classés en catégories, selon notamment des indicateurs socio-économiques. «Ce registre sera le seul point d’entrée pour bénéficier des programmes sociaux», prévient El Othmani.
En attendant, le chef du gouvernement a tenu à rassurer les députés sur l’engagement pris par son gouvernement pour poursuivre la promotion des conditions sociales dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’emploi. Preuve à l’appui, «le budget prévu pour le secteur de l’éducation a été revu à la hausse dans le projet de budget de 2018». La Santé est également érigée en priorité. En témoigne la hausse de 5% des aides dédiées à ce secteur au titre du budget 2018, en plus de la création de 4.000 emplois contre 1.500 une année auparavant.
Outre la portée sociale des politiques publiques et les engagements de l’exécutif en matière d’appui aux secteurs sociaux, le chef du gouvernement a également été interpellé sur le dossier chaud de l’intégration du secteur informel. El Othmani s’est en tout cas montré confiant en indiquant que le programme gouvernemental prévoit la mise en place d’une stratégie nationale destinée à inciter les entreprises opérant dans l’informel à intégrer le secteur formel. Ce dispositif, qui sera conçu avec le secteur privé, cible l’intégration de 100.000 auto-entrepreneurs au cours des quatre prochaines années. El Othmani prône une vision large pour capter les opérateurs de l’informel. Pour lui, les avantages fiscaux ne suffisent pas à eux seuls à inciter ces acteurs. «La réforme du code du travail, la facilitation de l’accès au financement et l’amélioration du climat des affaires constituent autant de facteurs importants pour l’intégration du secteur informel». L’enjeu est de taille. Selon les statistiques citées par El Othmani, le secteur emploi 2,4 millions de personnes et contribue à hauteur de 12% au PIB, une manne qui échappe à l’Etat.
Hajar Benezha