Vendredi dernier et à la veille de la commémoration du 73ème anniversaire de la libération du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau, la Diète, chambre basse du Parlement polonais, a approuvé un projet de loi présenté par le parti de droite Droit et Justice (PiS) à l’effet de défendre la Nation polonaise contre les crimes commis sur son sol par l’occupant nazi durant la seconde guerre mondiale et d’interdire l’usage de l’expression «camp de la mort polonais».
Et même si l’Institut israélien YadVashem pour la mémoire de l’Holocauste reconnait que cette expression est une déformation, il craint, toutefois, que la nouvelle loi défendue par la droite polonaise ne brouille «les vérités historiques concernant le soutien que la population a fourni aux allemands».
Entrant dans le cadre de l’amendement de la législation régissant l’Institut de la Mémoire Nationale (IPN), cette loi qui ne pourra être promulguée par le Président Andrzej Duda qu’après son examen par le Sénat, prévoit une peine d’emprisonnement de trois années à l’encontre de toute personne qui fera porter à l’Etat et/ou au peuple polonais la responsabilité des crimes perpétrés sur son territoire par les nazis. Il n’en fallait pas plus, bien entendu, pour provoquer l’ire et la colère légendaires, dans ce genre d’affaire, des dirigeants israéliens avec à leur tête le Premier Ministre Benjamin Netanyahou qui a immédiatement déclaré : «Nous ne tolèrerons aucune tentative de réécrire l’histoire» rappelant ainsi au monde entier que la seule version que la communauté internationale se doit d’accepter est celle chantée, depuis 1947 avec tambours et trompettes, par les dirigeants de l’Etat sioniste d’Israël dans le but clair mais inavoué de «justifier» les exactions commises depuis sept décennies à l’encontre d’un peuple injustement dépossédé de sa Terre bien que n’ayant aucune responsabilité dans la malheureuse histoire des pogroms, des camps de concentration, de la Shoah ou de l’Holocauste.
Ainsi, dès son approbation par la Diète, cette loi a provoqué une crise diplomatique sans précédent entre Tel Aviv et Varsovie alors même que les deux capitales entretenaient de très étroites relations et qu’il ne serait pas de mauvaise foi de disculper un Etat polonais qui n’a ni contribué à l’édification des sinistres camps de concentration et d’extermination puisque le camp d’Auschwitz a été construit par l’armée nazi en 1939 après l’invasion de la Pologne où vivaient quelques 3,2 millions de juifs – soit la plus grande communauté juive d’Europe – ni même collaboré avec l’occupant comme l’avait fait en France le gouvernement de Vichy dans la mesure où il n’existait pas au moment des faits.
Autant de raisons qui ont fait dire au Premier Ministre polonais, sur son compte Twitter, que «les juifs, les polonais et toutes les victimes doivent être les garants de la mémoire de ceux qui ont été tués par les nazis allemands» avant d’ajouter «Aushwitz-Birkenau n’est pas un nom polonais et ‘Arbeitmachtfrei’ (le travail rend libre) n’est pas une phrase polonaise».
Enfin, les deux premiers ministres israélien et polonais ont convenu, ce dimanche d’ouvrir des négociations à l’effet «de trouver un accord» sur cette législation par l’entremise de laquelle la droite polonaise viserait à réécrire l’histoire du pays selon «une vision mythifiée et romantique» dans laquelle le peuple polonais serait soit héros soit martyr…
Nabil El Bousaadi