Après plusieurs rumeurs concernant le retrait de la SFI du groupe Zalar Holding ou encore du groupe d’enseignement supérieur privé HEM, voilà que son nouveau patron vient de dévoiler la nouvelle stratégie pour le Maroc à l’horizon 2022. Xavier Reille à la tête de la filiale de la Banque Mondiale dédiée au secteur privé depuis quelques semaines, en remplacement de Joumana Cobein, pour le Maroc et la région du Maghreb, a fait du Royaume sa priorité.
Basée sur quatre grands axes, la nouvelle stratégie concerne les infrastructures, financées essentiellement par le secteur public, mais aussi les solutions du privé, innovantes et effectives, pour lesquelles les PPP (partenariat public-privé) seront davantage exploitées, car même si la loi existe depuis 2014, celle-ci n’a pas été suffisamment utilisée.
«Il y a des choses qui doivent se faire en PPP qui vont permettre d’alléger les investissements de l’État. Nous allons apporter cette innovation comme nous l’avons fait dans beaucoup d’autres pays», affirme Xavier Reille concernant les énergies renouvelables. La modernisation des ports, des aéroports avec des extensions de terminaux, la construction de routes prioritaires pour le gouvernement et la population, sont également des points importants dans cette stratégie.
Pour son 2e axe d’intervention, la SFI vise les PME. Le but est d’aider à développer le secteur qui contribue entre 5% à 10% du PNB, un taux considéré comme faible. En Turquie par exemple, cette part se situe entre 20% et 30%. «Je pense qu’il est possible de nouer de vrais partenariats où la grande entreprise aide les PME, ses distributeurs et ses fournisseurs à se développer. Nous avons développé des programmes de formation et d’accompagnement pour les PME qu’on pourrait apporter au Maroc», ajoute le nouveau patron. La SFI étudie également la pertinence des fonds d’incubation qu’elle peut faire venir au Maroc pour améliorer l’écosystème de créations d’entreprises.
Le 3e axe de la stratégie concerne des secteurs tels que l’éducation et la santé dans lesquels la SFI compte s’investir davantage. Enfin, le dernier axe va consister à accompagner les entreprises marocaines à l’international. La filiale de la Banque mondiale a déjà noué des partenariats avec de grandes entreprises et banques en Afrique. L’Asie, la Chine et l’Inde font aussi partie des cibles de la SFI, dans le but de faciliter des rapprochements avec les entreprises du pays.
Pour le déploiement de sa nouvelle stratégie, la SFI et la Banque Mondiale identifieront ensemble les secteurs qui intéresseraient le privé dans le but d’être beaucoup plus intégré avec la Banque plutôt que de mener, chacun de son côté, ses opérations en toute indépendance. «Aujourd’hui nous travaillons sur une stratégie commune pour le Maroc pour identifier les créneaux où les deux institutions peuvent collaborer pour faire la différence. La Banque mondiale opère plus en amont sur les réformes sectorielles. Nous, nous travaillons davantage pour faire des transactions et attirer le secteur privé. Une très bonne complémentarité s’annonce», détaille Xavier Reille.
« Nous allons doubler nos engagements pour atteindre au moins 200 millions de dollars par année afin de pouvoir atteindre l’objectif de 1 milliard de dollars en 5 ans », telle est l’ambition du nouveau patron. Aujourd’hui, la filiale s’engage sur un total d’investissements entre 50 et 100 millions de dollars. Sur la période 2018-2022, un montant de plus de 10 milliards de dirhams sera en jeu.
Soumayya Douieb