Les industriels du cahier poursuivent leur guerre contre les producteurs tunisiens, qui totalisent près de 90% des importations marocaines. Ils ont dénoncé les manœuvres déloyales des fabricants tunisiens durant l’audition publique, qui s’est tenue récemment au département du Commerce extérieur.
Les producteurs marocains mettent en garde contre un dumping, empêchant le développement de la production nationale ou tout développement des autres importations. Les tunisiens sont accusés de pratiquer des prix cassés sur le marché marocain. Principaux accusés, Sotefi et Sitpec.
Les données recueillies relèvent une hausse sans précédent des importations tunisiennes au cours au cours de 2017. Ce «quasi-monopole» tunisien ne fait que se renforcer puisque les statistiques du premier trimestre 2018 montrent le comportement des exportateurs d’écouler massivement leurs produits sur le marché marocain.
Visiblement, le marché marocain et la seule cible des pratiques déloyales des exportateurs tunisiens. Chiffre à l’appui, les producteurs marocains affirment que le marché national représente plus de 80% du volume total des exportations tunisiennes de cahiers. D’autant plus que les prix moyens des produits exportés vers le Maroc sont les plus bas, en comparaison notamment avec les tarifs appliqués dans d’autres marchés de l’Afrique subsaharienne. En effet, l’analyse des indicateurs de dommage indique une baisse de la profitabilité, des prix de vente et de la part de marché, avec une certaine amélioration d’autres indicateurs. Dans ces conditions, «le marché marocain est, sans nul doute, victime d’une stratégie de dumping ciblé de la part des exportateurs tunisiens, visant à évincer ce qui reste de l’industrie nationale».
Ceci-étant, les producteurs locaux appuient leur position par un autre argument, lié cette fois-ci à la subvention octroyée par le gouvernement tunisien sur la bobine pour la production de certains types de cahiers. Cette subvention, qui représenterait près de 20% du coût de revient du cahier dynamiserait l’industrie tunisienne de cahiers notamment à l’export puisque cette subvention lui permet d’exporter le surplus de production à des prix imbattables.
Accusée de son côté de «politiser le débat», l’industrie nationale a insisté au cours de cette audience publique qu’il ne s’agit en aucun cas d’un conflit politique, mais d’un débat technique visant à asseoir les conditions favorables à une concurrence loyale. D’où l’appel lancé par les producteurs locaux pour imposer immédiatement des mesures antidumping destinées à stopper ce flux d’importations.
Hajar Benezha