«Abolissez l’ICE» (la police de l’immigration), «Les familles doivent rester ensemble», furent les slogans scandés à l’unisson par les dizaines de milliers de personnes qui ont manifesté ce samedi dans plusieurs villes des Etats-Unis pour dénoncer la politique migratoire de Donald Trump et réclamer le regroupement immédiat des enfants et de leurs parents clandestins appréhendés à la frontière mexicaine.
A New York, ce sont plusieurs milliers de personnes qui se sont retrouvées au sud de Manhattan et qui ont traversé le pont de Brooklyn, sous une chaleur étouffante, en criant «Notre New York est un New York d’immigrés» et encore «Dites-le haut et fort, les réfugiés sont les bienvenus ici».
A Washington, le parc situé non loin de la Maison Blanche était plein à craquer malgré la canicule. Parmi les manifestants venus manifester leur désapprobation et leur indignation et dénoncer les lois iniques instaurées par la nouvelle administration américaine en matière d’immigration, un représentant de la nation indienne de Piscataway criait son désarroi en hurlant, en espagnol et en anglais, «Nous ne croyons pas aux frontières, nous ne croyons pas au mur».
Ainsi, même si le président américain a annulé le 20 Juin dernier la politique de séparation des familles qu’il avait mise en place et que, mercredi dernier, il a signé un décret mettant fin à la fameuse « tolérance zéro» qui permettait à la police de l’immigration dite «Immigration and Customs Enforcement», par abréviation «ICE», de séparer les enfants de leurs parents lorsque ceux-ci se font prendre après avoir franchi illégalement la frontière, ce sont près de 2000 enfants sur 2.300 qui n’ont toujours pas retrouvés leurs proches bien que les autorités fédérales américaines soient, désormais, dans l’obligation de les ramener auprès de leurs parents. Protestant contre ce retard, près de 600 manifestantes ont été interpellées jeudi par la police du Capitole pour avoir réclamé bruyamment, dans un bâtiment du Sénat, que leurs enfants leur soient rendus. Elles ont été relâchées par la suite.
Mais que dit exactement le décret signé ce mercredi par le président américain?
D’abord, ce texte stipule expressément que tout adulte franchissant illégalement la frontière américaine sera interpellé puis poursuivi pénalement ; ce qui rompt avec l’ancienne procédure qui privilégiait la voie civile.
Autre nouveauté, les enfants des personnes interpellées ne seront plus séparés de leurs parents ou tuteurs légaux mais placés avec eux dans les centres de rétention ouverts à cet effet et ce, jusqu’au prononcé du jugement à l’encontre des accompagnateurs.
Le Pentagone sera également mis à contribution puisqu’il se trouve, désormais, obligé de mettre à la disposition des migrants certains de ses bâtiments et même d’en construire de nouveaux en cas de besoin.
Au Congrès, les républicains ont promis un vote sur l’immigration qui mette fin à la séparation des familles et qui comble les failles de l’ancien système en réglant notamment la question des «Dreamers» c’est-à-dire la situation des jeunes arrivés sans papiers alors qu’ils étaient encore mineurs.
Que dire pour terminer sinon qu’au comble de l’ironie et alors même qu’ils sont une terre d’immigration depuis que les premiers pèlerins avaient quitté Londres en 1620 à bord du Mayflower pour fuir une Europe ravagée par les famines et les épidémies avant de débarquer dans ce qu’ils avaient appelé la «Nouvelle Angleterre», les Etats-Unis butent aujourd’hui sur la question migratoire. Comment celle-ci va-t-elle être résolue ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi