Le mois d’août est ainsi répertorié, entre les vacances et la préparation des «rentrées». Les événements de juillet se répercutent encore sur le quotidien aoûtien sans pour autant affecter complétement son ambiance détachée et nonchalante.
Le tourisme intérieur ne semble pas enregistrer de record ascendant pour des raisons certainement liées au calendrier. Entre le ramadan, la fête du sacrifice et la rentrée scolaire, les ménages ont du faire des choix où les principes de «l’ajustement structurel» n’étaient pas absents. Sauf qu’à l’inverse des gouvernants, «serrer la ceinture» ne concernait pas le social : l’alimentation, l’éducation, le culturel et le cultuel.
Malgré la nonchalance aoûtienne, les marocains suivront avec beaucoup d’intérêt la réunion du Conseil de sécurité sur la situation dans les provinces sahariennes du royaume. Sollicitée par le Représentant personnel du Secrétaire Général onusien, elle permettra de faire le point sur la position des uns et des autres sur ce conflit artificiel où l’Algérie voisine souffle toujours le chaud de l’adversité. Cela ne détournera pas d’un picomètre l’attention du peuple marocain dans sa mobilisation permanente pour défendre et consolider son intégrité territoriale.
Le fait qu’un ministre atterrit, suite à son limogeage brutal, parmi les «mdaouikh» relance le débat sur la configuration du champ politique marocain. Rien ne semble encore se confirmer pour fermer «démocratiquement» la parenthèse PJD, ce qui donne à l’éligerocratie nationale quelques soucis dans sa quête de positionnement.
Si certains leaderships changent de titulaire, on reste sur sa faim quant au programme. Les intentions pour réformer, remédier aux dysfonctionnements, prendre un «nouveau souffle démocratique» sont chaque jour prononcées. De nombreux chantiers structurant la vie de la population, et la société dans son ensemble, sont ouverts sans qu’ils soient opérants car non terminés aussi bien dans leur élaboration que dans leur mise en œuvre effective. Un exemple parmi d’autres, la régionalisation n’est pas pour demain puisque les régions «ne disposent pas d’outils pour travailler ou pour engager des programmes de développement sectoriels».
«On est sur la voie…» est devenu un refrain dans les discours des responsables. L’impression générale est que la société marocaine dans son ensemble, son élite en particulier, n’arrive pas à boucler le travail entamé ou à concrétiser les propositions faites. «Le travail intense qui dure depuis des années» montre que le rendement est faible et que le frein à la modernité fonctionne beaucoup plus que l’accélérateur vers la réduction des inégalités entre les personnes et les territoires, l’émancipation et le bienêtre.
A travers les réseaux sociaux, les groupes de discussion se font et se défont. Leur appellation change pour mieux s’adapter à la volonté de leurs «admins». On se retrouve ainsi dans un brouhaha où l’on devine les insinuations des uns pour canaliser la fougue des autres. Loin de la discussion objective des maux de la société marocaine ; et encore plus loin des propositions concrètes ou des actions à mener pour consolider le processus démocratique et les avancées réalisées, on s’adonne au «tbarguig» (le mot trouve son origine semble-t-il dans la transformation du BRQ, bulletin de renseignement quotidien, présenté à la fin de la journée par le moqadem pendant le protectorat français), à la diffamation et à l’intox.
Les partis politiques prennent le meilleur de toute cette «patate chaude» de la réforme au Maroc. De leur inefficacité à les qualifier de traitrise, ils sont devenus plus que responsables de la démobilisation de la population. Leur rôle dans l’édification de la démocratie est non reconnu. Les technocrates ne semblent pas remporter aussi l’adhésion. Il ne reste que la pétition directe au Roi. C’est alors que le cercle se ferme et que les allusions se font plus directement par la publication des doléances et des offres de service … au nom du peuple marocain. Prétextes de négativistes ulcérés faute de réaliser leurs propres ambitions, discours nihilistes de bas niveau et parlote des marchands d’illusions. En fin de compte l’idée de s’organiser en parti politique fait son chemin. Cela fait rire autant que l’enseigne «Brahimentation» à l’exemple d’Alimentation.
Dans ce travail de sape, on retrouve malheureusement aussi une gente plus sérieuse, crédible et sincère mais qui reste hégémonique dans son esprit et ballotée dans son action pour conforter les forces de progrès et de justice sociale dans notre pays. Aussi député est-on, on ne peut nier l’apport et la présence des partis progressistes marocains, aussi dures leurs réalités qu’elles soient. Le discours d’Omar, l’abeille, n’est pas d’aujourd’hui, il date. Il reste à apprécier le chemin parcouru par chacun pour apprécier le miel produit par la justesse des analyses et des positions et se défaire des mauvaises habitudes de la petite bourgeoisie intellectuelle, vaniteuse et orgueilleuse. On a du chemin à faire… ensemble, la main dans la main.