«Du fait de mon engagement en faveur de la paix et d’une véritable réconciliation, j’ai signé aujourd’hui une ordonnance d’amnistie qui profitera à 800 de nos concitoyens poursuivis ou condamnés pour des infraction en lien avec la crise post-électorale de 2010 ou des infractions contre la sûreté de l’Etat…» a déclaré, dans son discours à la nation, Alassane Ouattara, le président de la Côte d’Ivoire, à la veille de la célébration du 58ème anniversaire de l’indépendance du pays.
Cette amnistie présidentielle qui touche ainsi 500 personnes «exilées» ou en liberté provisoire qui «verront leurs condamnations pénales effacées» et 300 autres encore en détention mais qui seront libérés très bientôt s’applique également à Simone Gbagbo, l’épouse de l’ancien président ivoirien, condamnée à vingt années d’emprisonnement et incarcérée depuis 2011. D’après son avocat, l’épouse de l’ancien président Laurent Gbagbo devrait être libérée mercredi 8 Août après l’accomplissement des formalités judiciaires requises.
Mais si l’ancienne première dame du pays, jugée pour son implication présumée dans des tirs d’obus sur un quartier d’Abidjan réputé favorable à Alassane Ouattara, va, enfin, «retrouver sa famille et ses proches et passer avec eux des moments d’intimité et de retrouvailles» comme l’a dit son avocat, il y a lieu de préciser, toutefois, qu’elle demeurait sous le coup d’un autre procès pour «crimes contre l’humanité» et «crimes de guerre». En effet, si le 28 mars 2017, Simone Gbagbo avait été acquittée, au titre de ces deux chefs d’accusation, par la majorité des jurés de la cour d’assises d’Abidjan alors même que le procureur général avait requis la prison à vie à son encontre, ce jugement avait été cassé par la Cour Suprême le 26 Juillet dernier et un nouveau procès était attendu avant que n’intervienne cette providentielle amnistie présidentielle.
Souleymane Kamaraté Koné, le chef du protocole du président de l’Assemblée Nationale accusé d’avoir comploté contre l’Etat et impliqué dans une sombre affaire de cache d’armes et Moïse Lida Koussi, ex-ministre de la Défense de Laurent Gbagbo, ont également bénéficié de cette amnistie entrant dans le cadre de la réconciliation nationale réclamée avec insistance par un grand nombre d’observateurs internationaux et dont l’absence assombrissait fortement le bilan du Président Alassane Ouattara.
Pour l’heure, et parmi les dignitaires de l’ancien régime, seul l’ancien président réfractaire Laurent Gbagbo restera incarcéré au centre de détention de la Cour Pénale Internationale à La Haye où il est détenu depuis Avril 2011 pour avoir refusé de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara aux élections présidentielles de 2010 causant, ainsi, une grave crise post-électorale qui a failli dégénérer en guerre civile ayant coûté la vie à près de 3000 personnes entre Novembre 2010 et Avril 2011. Ces violents affrontement n’avaient prit fin qu’après l’intervention des commandos héliportés du dispositif Licorne déployé par Paris et des casques bleus de l’ONUCI. Le sort de Laurent Gbagbo relevant de la justice internationale ce dernier ne pourra pas bénéficier au même titre que son épouse et ses partisans de l’amnistie générale décrétée par le Président Alassane Ouattara sauf revirement spectaculaire de la part des juges de la Cour Pénale Internationale mais attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi