Les monuments architecturaux et les espaces sociaux sont de véritables témoins de la culture des peuples, comme disait quelqu’un. Ils constituent une référence principale pour les historiens et anthropologues pour l’étude des us et coutumes des sociétés quelles qu’elles soient. Cela étant, les espaces et les édifices sont l’incarnation pur jus de la mémoire des groupes sociaux, voire le reflet de leur intelligence collective, construite à travers plusieurs décennies.
La capitale de l’Oriental, à l’instar des autres villes impériales du Royaume, regorge de monuments profondément ancrés dans l’histoire du pays et du monde arabo-islamique.
En effet, la perle de l’Oriental tient beaucoup à la réputation de «Bab Sidi Abdelouahab». Cet édifice historique, bâti en 1325 sous l’ère des Mérinides, doit son nom à l’un des marabouts et fondateurs de la ville dont le mausolée se trouve dans l’enceinte de l’ancienne médina. Les Oujdis le dénomment également «Bab Riyous», car c’est dans ce lieu qu’on faisait accrocher les têtes coupées des ennemis du Makhzen et des criminels.
La porte de Sidi Abdelouahab qui donne sur une vaste esplanade, fut auparavant le point névralgique de la ville. Cet espace fut également un lieu de rencontre par excellence des visiteurs et une destination de choix pour les commerçants et vendeurs lors des journées de souks.
Entre 1894 et 1896, la muraille fut de nouveau renforcée avec comme fonction principale la protection des 28 hectares qui constituaient la médina.
Les Français, dès 1907, entamèrent quelques retouches sans altérer la forme originale.
Durant les années 70 et 80, la place de Sidi Abdelouahab fut transformée en un espace de promotion de la culture populaire.
Programme de réhabilitation
En 2013, cet espace a fait l’objet d’un important programme de réhabilitation.
Ce programme s’inscrit dans le cadre de l’axe de réhabilitation de l’ancienne Médina faisant partie intégrante du programme de réhabilitation et de mise à niveau urbaine de la ville d’Oujda. Elle a consisté également en la reconstruction d’une partie de l’ancienne muraille, le ravalement des façades des constructions attenantes à la place, outre des travaux de voiries.
Ayant pour objectifs l’embellissement du paysage urbain, l’amélioration des conditions de travail des commerçants, la sédentarisation des marchands ambulants, l’éradication des constructions insalubres, ce programme a porté, outre, l’aménagement de l’esplanade «Bab Sidi Abdelouahab», sur la construction d’un complexe commercial (514 commerces) et d’un marché de fruits et légumes (210 commerces), l’édification de la mosquée «Al Fadila» et la restauration de l’école Moulay Abdellah.
Doté d’une enveloppe budgétaire globale de 150 millions de dirhams, ce programme, fruit d’un partenariat entre le ministère de l’habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville, le ministère de l’Intérieur, la commune urbaine d’Oujda et les bénéficiaires, a été destiné principalement à la sauvegarde de la somptueuse Bab Sidi Abdelouahab qui est de toute évidence le signe révélateur d’une histoire architecturale aux mille facettes.
Il faut dire que «Bab Sidi Abdelouahab» a une place à double vocation. C’est à la fois un héritage historique, culturel et patrimonial, mais aussi une zone urbaine qui est au cœur de l’activité commerciale. Pour en assurer la pérennité et le rayonnement, un programme de réaménagement des voies menant à la Place a été mis en œuvre.
D’un coût global de 43 millions de dirhams, ce programme a consisté en l’aménagement de sept boulevards, ainsi que de la Place Al Maghrib.