« La gouvernance, ce n’est pas comprendre les nouvelles idées, mais échapper aux anciennes idées révolues ! » disait une maxime de l’Occident. Cette citation conviendrait, sans doute, à la gouvernance tel qu’est conçue dans notre système à la fois illuminé sur le papier, mais combien terne dans la pratique.
La gouvernance est un terme qui se vide, de plus en plus, de sens, dans nombre d’institutions de notre pays. Pourtant, on avait relativement exalté la nouvelle constitution qui ambitionnait de vivifier les veines du processus démocratique. Depuis, la mise en œuvre du quasi-dispositif se heurtait aux contraintes de la concrétisation. Le texte de la loi suprême de la nation reste lettres mortes, aussi bien dans la champ politique que les divers volets de la vie active. Après plus de sept de l’adoption, il se débat dans les rouages du surpassement et de l’ignorance. La gouvernance est un vain mot!
Le texte est donc bien là, mais le contexte évolue ailleurs. Le dysfonctionnement ne cesse alors de proliférer dans un pays qu’on prétendait être état de Droit et d’Institutions. L’exécutif marocain dont les prérogatives se sont bien renforcées, semble quasiment émousser face aux instructions de la haute sphère. L’attentisme alangui paralyse tout esprit d’initiative, quoique les cris de détresse se fassent entendre dans les patelins reculés. Quant à l’institution du chef de gouvernement dont le statut s’était sensiblement relevé, se contraignait de se dérober de ses attributions.
Finalement, son rôle constitutionnel se limite à la figuration, à tel point que bien de décisions sont prises à son insu. Le feu vert est le mot d’ordre de cette institution, sensée s’atteler, conformément aux dispositions de la constitution, à la mise en avant de sa mission, dans l’autonomie entière. Or, ce n’est pas le cas aujourd’hui, d’autant plus que l’exécutif est habitué à ce mode de gestion aliéné. D’autre part, on déplorera également l’inaction ou encore la mise en hibernation des instances dites de médiation qui légifèrent les rapports entre parties, notamment le conseil de la concurrence.
De même, maintes institutions sont aussi loin de remplir leur tâches constitutionnelles, comme il se doit, en particulier les organisations politiques, syndicaliste, médiatiques…Là encore, le pouvoir s’immisce dans leur cuisine interne pour semer la discorde, se référant au fameux adage de chez nous « diviser, c’est régner ! ». En fait, le paysage partisan est, de ce fait, empesté de « gens du makhzen », chargés de remettre les rapports sur leurs activités aux agents sécuritaires. Le mouvement syndical très influent par le passé, est également frappé par la désunion et la trahison. Devant toutes ces pannes de la vie sociétale, c’est tout le processus démocratique qui en pâtit, tant que ses Institutions sont privées de gouvernance forte, indépendante et agissante ! Le totalitarisme n’a jamais été une meilleure idée pour les nations en quête de la démocratie, de la liberté, de la justice sociale, de la dignité et du progrès.