Le mot de la fin, à la fois pathétique et messager, que le nouveau président du conseil régional du tourisme d’Agadir, Rachid Dahmaz, a adressé à l’assemblée générale, bourdonnait de remords et de spleen envers une destination de conte de fée que fut Agadir, il y a quelques décennies.
Cette connotation d’intense nostalgie accrochait l’assistance qui n’en revenait pas, de par la suavité du propos et la véracité de l’image. «Ressaisissons-nous et redorons ensemble le blason de cette cité que nous ne cessons de chérir. Laissons nos clivages de côté et attelons-nous aux grands maux du secteur !», clame-t-il à l’imposant auditoire, tout en référant à la fameuse Académie propre au maître de la philosophie grecque.
En effet, dans son VII livre de la République, Platon narrait l’allégorie de la caverne, l’un des essais saisissants de la condition humaine. Cette référence est d’autant plus libératrice qu’incitatrice au passage du monde de la geôle glauque dans laquelle se débattait le CRT d’Agadir vers une ambiance radieuse et symbiotique.
Et pourtant, au préambule de ces assises, on ne savait pas encore qu’on allait être gratifié par cette allocution improvisée du nouveau président, si poignante et interpellante. On s’attendait plutôt à un speech beaucoup plus cérémonieux et formaliste.
L’homme plébiscité ce jour-là préférait secouer le cœur avant la raison, car conclut-il, «On ne saurait être sans trêve, les prisonniers de l’allégorie de la caverne, tant que l’amour de cette région coule dans nos veines. Libérons-nous de notre berlue assassine !». Il faut bien dire que le climat joviale qu’a connu le déroulement de toutes les phases de cette assemblée était bien l’œuvre de la commission préparatoire, avec l’appui paternel et instructif du Wali de la région en compagnie des pass-présidents.
Il a fallu donc tout le savoir-faire de Said Scally, l’un des routiers chevronnés du domaine, qui, de bout en bout, avait dirigé de main de maître, cet événement ayant drainé, pour l’occasionune pléiade de professionnels du tourisme, toutes filières confondues, d’institutionnels et d’élus. Rien n’a été laissé au hasard, aussi bien au niveau de l’élaboration des statuts, de la maîtrise du déroulé que la désignation de tous les membres du conseil d’administration et du bureau exécutif dont le candidat unique à la présidence était déjà connu et ratifié automatiquement.
D’emblée, le discours du Wali annonçait la couleur par une teneur de mobilisation et de conjugaison de l’effort et l’action, en direction du secteur pour de meilleurs lendemains. L’ensemble des points de l’ordre du jour s’égrenaient, petit à petit, dans la concorde et la fluidité. Une réelle atmosphère d’aller de l’avant, après une période et d’expectative, se dégageait au sein de ce rassemblement qui semble remonter la pente.
Dans cet élan plutôt prometteur, le nouveau directeur de l’ONMT, invité à la messe ne retenait pas non plus sa pleine exaltation devant tout ce beau monde en confirmant «le soutien total de son département et l’accompagnement sans limite aux actions retenues par ce CRT dont le rayonnement est resplendissant».
Enfin, Said Scally, subtil modérateur de ces assemblées avait le mérite d’évoquer une pensée de reconnaissance ardente à l’adresse d’une ribambelle de ténors de l’industrie du tourisme qui avaient fondé le GRIT et après le CRT, il y a plus de deux décades, notamment, Cherkaoui, Ghissassi, Belahcen, Achengli, Kroni, Ohayon…Sur cette note d’optimisme, prennent alors fin les travaux de cette rencontre qui, sans doute, servirait d’impulsion pour l’avenir, sous la houlette du nouveau chef de file au style attachant, fédérateur et fonceur. Ne dit-on pas que «le style est l’homme !». C’est à lui de le faire valoir, avec beaucoup de punch et de novation!
Saoudi El Amalki