La Convention de Ramsar, officiellement Convention relative aux zones humides d’importance internationale particulièrement comme habitats des oiseaux d’eau, célèbre cette année les zones humides et les changements climatiques. Une antithèse, une antinomie, une alchimie douloureuse.
En effet, un élan dévastateur sévit, se manifestant essentiellement par une hydrologie altérée, un stress thermique accru chez les animaux sauvages et une augmentation des dégâts causés par les inondations, comme a réussi à le mettre en évidence Kevin L. Erwin dans son étude «Wetlands and global climate change: the role of wetland restoration in a changing world» réalisée, d’ailleurs, à l’initiative de la Convention de Ramsar.
A ces phénomènes s’ajoutent les glissements de terrain, les avalanches, les coulées de boue et la diminution de la quantité et de la qualité des ressources en eau, précise le chercheur.
Dans son rapport sur les zones humides au Maroc publié en 2018, l’Alliance marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD), affirme clairement que les agissements de l’Homme demeurent prééminents dans l’accélération de la cadence à laquelle les zones humides se détériorent.
Qu’il s’agisse de sites Ramsar ou de sites reconnus d’intérêt biologique et écologique (SIBE), la majeure partie des zones humides répertoriées au Maroc est encline à une exploitation abusive de ses ressources naturelles, souligne le rapport.
Le surpâturage, la surexploitation de la faune terrestre et aquatique, le pompage excessif de l’eau à des fins agricoles, la conversion en terres agricoles, la pollution par le rejet de déchets solides et liquides, ainsi que les extensions urbaines cités dans ce même rapport, ne sont que quelques illustrations qui prouvent l’acharnement humain sur ces zones humides.
L’agression de ces espaces naturels à l’heure où ils se révèlent aujourd’hui, extrêmement utiles pour juguler les risques liés aux changements climatiques, et capables de protéger leur bourreau et l’élément naturel au sein duquel il existe, soulève une incompréhension intelligible.
Comme le montrent les données du site officiel de la Convention de Ramsar, les zones humides, à travers l’absorption et le stockage naturels de carbone, s’érigent comme les puits de carbone les plus efficaces sur Terre.
D’autre part, poursuit le site, elles garantissent une protection contre les inondations en atténuant la force des vagues, des ondes de tempête et des tsunamis, minimisant ainsi les dégâts matériels et les pertes humaines des 60% de l’humanité que représentent les riverains.
Par ailleurs, les zones humides permettent également d’atténuer les sécheresses en résorbant, dans un premier temps, les précipitations ardentes et en les relâchant, par la suite, lors des saisons sèches des climats désertiques, évitant de cette manière l’apparition des sécheresses et crises d’eau.
Conscient de leurs inestimables avantages et soucieux de la pérennité de ces écosystèmes, le Haut-commissariat aux Eaux et Forêt et à la Lutte contre la Désertification (HCEFLCD) a initié, au Maroc, dans le cadre de ses engagements vis-à-vis de la Convention-Cadre, une stratégie nationale des zones humides 2015-2024.
A travers cette stratégie, le HCEFLCD ambitionne, entre autres, d’améliorer les valeurs patrimoniales et les fonctions écologiques des zones humides en établissant notamment, à l’horizon 2024, des plans nationaux dans l’objectif de les réhabiliter et de gérer durablement la faune et la flore patrimoniales qui les composent.
Le Haut-commissariat souhaite tout autant promouvoir les plans de valorisation de ces zones, particulièrement celles classées sur la liste de Ramsar par l’encouragement du tourisme écologique.
Il œuvre, dans le cadre de cette stratégie, à optimiser les mécanismes de gouvernance et de coordination entre les politiques publiques concernant ces zones.
Le HCEFLCD table, en outre, sur le développement des connaissances relatives aux zones humides et les mécanismes de leur partage pour utiliser les zones en question de façon rationnelle.
Il vise aussi à étendre le dispositif de la communication, éducation, sensibilisation et participation (CESP) pour la préservation des zones humides en mettant en place des instruments CESP adaptés aux nombreux publics cibles.
Le Maroc, qui a ratifié cette convention le 20 octobre 1980, compte aujourd’hui 26 sites inscrits sur la liste des zones humides d’importance internationale, communément appelés «sites Ramsar», soit quelque 274.286 hectares.
Laïla El Alamai (MAP)