Propos recueillis par Mohamed Nait Youssef
Son horizon est ouvert sur des cieux des autres cultures. Sa vision poétique est universelle, plurielle et multiculturaliste. Driss El Méliani tourne de nouveau son regard sur le «printemps arabe». Dans son nouvel recueil «fêtes des arènes» paru chez la maison d’édition «Moqarabat», qu’il a dédicacé et signé dimanche 10 février en marge des activités du Salon International de l’Edition et du Livre de Casablanca, le poète met en lumière les espoirs, les défaites et les attentes des mouvements arabes.
Al Bayane : Pourquoi les arènes et le «printemps arabe» dans votre nouveau recueil de poésie?
Driss El Méliani : Je suis très heureux de signer mon nouveau recueil de poésie au stand «Moqarabat», une maison d’édition marocaine connue au niveau national, en marge du SIEL. Effectivement, ce nouveau recueil qui s’intitule «fêtes des arènes» a une relation avec le printemps arabe. C’est en fait mon deuxième ouvrage, après celui intitulé «mes vers, mes versets» paru chez la «maison de la culture». Ces deux recueils mettent en lumière «le printemps arabe» depuis son commencement, parce que j’ai été touché comme les autres citoyens marocains et arabes par ce mouvement politique et populaire.
Ces mouvements ou encore des fêtes qui ont vu le jour dans plusieurs pays arabes et qui ont été transformés en des deuils et des malheurs. «Ces célébrations», si nous n’osons dire, sont un mouvement politique qui n’a pas été accompagné et prolongé par un autre mouvement culturel. Alors l’absence de cet aspect culturel dans ce « printemps arabe » a été facilement camouflée et absorbée.
Ce «printemps arabe» est-il suffisamment présent dans les expressions culturelles et artistiques, notamment dans la poésie?
Dans le domaine de la création, peu de choses ont été écrites sur le «printemps arabe», surtout dans le roman, la poésie, les arts plastiques et même le cinéma. Même le poète Adonis, connu par le génie de la modernité poétique, a écrit un seul poème, qui n’est pas à la hauteur de son génie poétique. Ce mouvement politique n’a pas été, proprement dit, accompagné en parallèle par un mouvement artistique ou culturel. Le poète, l’artiste ou le créateur est un témoin de son époque et sa réalité. Ceci dit, la création et la culture si elles n’avaient pas accompagné leur époque, elles seraient en dehors de l’Histoire.
Quelle est l’utilité de l’écriture poétique aujourd’hui?
Tous les créateurs dans tous les domaines sont des proies de la déception et de la frustration de la faisabilité de chaque acte créatif et social. C’est pour cela d’ailleurs que ces créateurs recourent à la solitude et à l’isolement pour travailler sur leurs questions culturelles, loin de la société. Le citoyen arabe est occupé avec son pain quotidien.
Vous êtes parmi les poètes qui ont travaillé sur la mémoire, avec un roman consacré à la mémoire des juifs et ce nouveau recueil consacré au «printemps arabe ». Pourquoi ce travail sur la mémoire à travers la poésie?
Un poète disait que mon expérience poétique est une expérience poétique marocaine parce que mon poème est marocain dans la mesure où il essaie de profiter de la création occidentale et orientale, mais il est plus ouvert sur la culture marocaine. C’est pour cette raison que l’IRCAM a publié un recueil de poésie intitulé «tanirt» qui regroupe tous les poèmes amazighs qui sont présents dans mon expérience poétique modeste. La mémoire marocaine n’est pas absente dans toutes les expressions artistiques et culturelles. Dans la poésie, elle est un peu chanceuse et plus présente.