L’activité touristique a le vent en poupe dans presque toutes les provinces du nord. En moins de deux décennies, le Nord a ravi la pole position à d’autres stations historiquement prisées en été par les touristes locaux et étrangers. Les raisons de ce succès ne relèvent pas d’un quelconque miracle. Tous les ingrédients pour créer l’attraction de la destination ont été réunis : une infrastructure solide avec réseaux routiers et autoroutiers rénovés et étendus, de nouvelles liaisons aériennes, le lancement du TGV, l’extraordinaire dynamique du port Tanger Med, l’ouverture de nouvelles unités touristiques gérées par des professionnels, une industrie de loisirs variée et surtout de magnifiques paysages naturels.
A cela s’ajoutent des villes propres et sécurisées, un approvisionnement suffisant grâce à une bonne gestion des saisons touristiques. Autant dire que le succès touristique du Nord peut, avec un minimum de bonne volonté, inspirer d’autres régions du Maroc en déclin au niveau touristique et même les destinations jamais explorées. Notre dossier sur le boom de l’activité touristique dans le nord fait le point avec les décideurs et les professionnels sur la situation de l’industrie du voyage dans le Nord.
Najib Amrani
Depuis près de deux décennies, la région du nord continue d’attirer de plus en plus d’estivants. Cet engouement s’explique principalement par les belles plages des deux façades maritimes qui s’étalent sur 400 km. Du côté de la Méditerranée, les plages s’étendent de Tanger jusqu’à Al Hoceïma tandis que celles de la côte Atlantique s’étendent de Tanger jusqu’à Larache.
Pour accompagner ce succès, plusieurs chantiers visant à renforcer l’infrastructure de la région ont été initiés au fil des années. Bénéficiant de l’attention très particulière du Roi Mohammed 6, la région Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, continue à ce jour à se développer à une cadence élevée. D’ailleurs, Sa Majesté en est le premier promoteur. Chaque année, il passe ses vacances à M’diq. La présence royale contribue de façon très importante à la fluidité de la circulation ainsi qu’à la sécurité en raison de l’ubiquité des membres des forces de l’ordre ce qui encourage encore plus les estivants.
A Martil seulement, la population passe, bon an mal an, de 64.000 à 700.000 personnes en période estivale d’après un responsable communal. La plage de la ville accueille chaque jour 80.000 estivants, un boom démographique certes éphémère, mais pas du tout facile à gérer, précise la même source.
Les estivants attirés par la région sont principalement des touristes nationaux ainsi que des Marocains résidant à l’étranger. Selon une enquête téléphonique menée récemment par le site d’informations touristiques marocain «premiumtravelnews.com», sur un échantillon de 458 personnes, 25% des sondés ont plébiscité la région du nord. La venue de ces vacanciers anime le secteur touristique qui est devenu un vrai pourvoyeur d’emplois dans la région. Ainsi, selon les chiffres du Conseil Régional du Tourisme, le secteur emploie plus de 80.000 personnes. Si les chiffres ne sont pas connus, l’informel permet pour sa part à une très grande partie des jeunes de faire du «business saisonnier».
Outre le tourisme balnéaire, Tanger commence à se pencher sur un autre type de tourisme à savoir le MICE (Meetings, Incentives, Conferencing, Exhibitions). Grâce à sa situation géographique et l’industrialisation qu’elle connaît, la ville du détroit saura se frayer une place dans le tourisme d’affaires. Seul bémol, selon plusieurs opérateurs, la connectivité aérienne qui oblige dans plusieurs cas de passer par le hub aérien de Casablanca.
Larache quant à elle tente à se relancer en exploitant son patrimoine historique avec l’ouverture du Lixus Beach Resort situé à proximité du site archéologique éponyme, une ville antique fondée par les Phéniciens au XIIème siècle av. J.-C.
De l’autre côté de la méditerranée, Al Hoceïma a profité de la mise en œuvre de plusieurs projets structurants dans le cadre du programme du développement spatial «Al Hoceïma Manarat Al Moutawasit» dont les travaux ont atteint 90% dans certaines régions selon Ministère de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau. Al Hoceïma fascine par ses paysages sauvages et ses plages envoûtantes qui captivent ceux en quête de quiétude et de sérénité.
Disposant de plus de 290 unités hôtelières soit une capacité litière estimée à 23.000 lits, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma aspire à attirer 3 millions de touristes en 2020. Un objectif tracé par le CRT dont tous les acteurs travaillent d’arrache-pied pour que la région reste, ad vitam aeternam, l’une des destinations les plus prisées.
Aimen Bouzoggaghe