par Mustapha LABRAIMI
Notre beau pays semble subir un refroidissement dans son processus vital. En d’autres termes, il est grippé. Des assoupissements dans la réforme de plus en plus longs, une fièvre électorale qui ne cesse de monter, des libertés individuelles qui relèvent du «toléré» beaucoup plus que du «droit», des discours délirants loin de la réalité et un endettement de plus en plus himalayen sans savoir le pourquoi de son utilisation.
L’ambition légitime de compter parmi les pays émergents se trouve frustrée par la remise dans les tiroirs d’un certain nombre de mesures qui devraient prendre en considération l’élément humain et les conditions nécessaires à son développement.
Les inégalités sociales s’ajoutent aux disparités spatiales pour laisser pour compte un large pan de la population de plus en plus conscient de sa misère. A lire la loi des finances projetée pour 2020, on se rend compte que la fiscalité pèse sur la vie des petites gens sans pour autant que les services qui leurs sont fournis ne s’améliorent. Cette même fiscalité ignore l’enrichissement de certaines couches sociales minoritaires sans qu’elle leur impose une contribution conséquente à l’effort national. La justice fiscale reste un slogan dont se gargarisent les décideurs, surtout quand la crème des «donneurs d’ordres» se réunit dans le cadre des assises de la fiscalité.
La société du savoir n’est pas pour demain dans notre beau pays. De facto, on s’éloigne de plus en plus de ce schéma de développement. L’analphabétisme reste présent et, pire, se consolide puisque l’apprentissage actuel est en faillite. L’école publique est décriée pour permettre aux marchands d’en tirer profit. L’enseignement supérieur est en déphasage avec les priorités nationales et la recherche reste sans impact aucun sur elles.
La tuberculose revient et fait des morts. Pauvreté et mal vie ramènent des maladies qui furent éradiquées de notre beau pays. S’ajoute au problème de la santé «non publique» les nombreuses malversations décriées à cause de la chimie de notre alimentation.
L’économie nationale dans toutes les couleurs qu’elle peut porter reste incapable de devenir compétitive pour produire une croissance efficiente , booster nos exportations, assurer une balance des paiements excédentaire et répondre aux besoins d’emploi des jeunes. La consommation à elle seule ne produit que déchets et pousse à l’endettement.
Ce dernier se renouvelle toujours plus important que les fois précédentes. La fierté que ressentent certains, suite à la réussite de l’emprunt international nouvellement effectué par le gouvernement, vient du fait qu’ils n’ont pas á supporter son fardeau, ni eux ni leurs progénitures. Pour leur bonheur, les institutions financières internationales ne peuvent être que contentes de l’assiduité du royaume au marché de la dette. La fidélité se paie.
La gouvernance est, elle aussi, malmenée. Que de lois promulguées mais restent sans application dans la réalité ! Dans un environnement mondialisé, la situation est ainsi faite ! Le «moins d’Etat» recherché ne crée pas un cercle vertueux pour éliminer les redondances et les interventions superflues qui gênent la croissance, le développement humain et la protection de l’environnement naturel. Ce n’est pas aussi «mieux d’Etat» par lequel les besoins de la population sont satisfaits sans corruption, dans la transparence, la célérité et la promotion du service public.
De même, l’Etat ne peut s’opposer à l’exécution des décisions judiciaires, fussent-elles contre lui. La justice constitue une fonction régalienne de l’État qui ne peut être dénoncée par l’Etat lui-même. Le beau pays, dont nous sommes tous fiers, semble atteint par le virus EE (Échéance Electorale) 202. Il semble terrassé qu’il n’arrive pas à tressaillir, à promouvoir le nouveau souffle démocratique pour renouveler la consolidation du processus démocratique désiré.
Pour le prétendant parachuté; de la bouffe est consommée, des déplacements sont effectués sans pour autant que la vox populi ne se détermine. Pour le tenant du titre, fort de son socle électoral construit sur l’identitaire conservateur voire obscurantiste, l’abstention est le meilleur moyen de faire un score. Alors que les partis politiques continuent à filer du mauvais coton, les gradins des terrains de foot s’expriment comme ils peuvent par l’image et la chanson. Évitons la grippe et ses complications!