Le socialiste espagnol Pedro Sanchez a perdu comme prévu dimanche un premier vote de confiance à la Chambre des députés mais il sera reconduit au pouvoir, sauf coup de théâtre, mardi lors d’un deuxième tour.
Le chef du gouvernement, arrivé au pouvoir en juin 2018, n’a pas obtenu la majorité absolue de 176 voix sur 350 députés pour remporter de premier vote.
166 députés lui ont accordé leur confiance, 165 ont refusé tandis que 18 se sont abstenus. Une députée favorable à Sanchez était absente dimanche.
Mardi, lors d’un deuxième vote, une simple majorité relative lui suffira pour être reconduit au pouvoir, ce qui mettra fin à huit mois de paralysie politique.
Sauf coup de théâtre de dernière minute, Sanchez — qui peut compter sur les voix de la gauche radicale de Podemos et de plusieurs petits partis, dont les nationalistes basques du PNV — est assuré d’y parvenir d’une très courte tête depuis que le parti séparatiste catalan ERC lui a promis que ses 13 députés s’abstiendraient.
Empêtrée dans une instabilité politique chronique depuis 2015, la quatrième économie de la zone euro a connu deux élections législatives en 2019 – en avril et novembre remportées à chaque fois par Sanchez mais sans majorité absolue – et quatre depuis quatre ans.
En échange de l’abstention d’ERC, une négociation sera mise en place entre le gouvernement central et l’exécutif régional contrôlé par les séparatistes pour résoudre le «conflit politique sur l’avenir de la Catalogne» qui a tenté de faire sécession en 2017.
Le résultat de cette négociation devra être validé par les Catalans «lors d’une consultation», selon les termes de l’accord entre les socialistes et ERC.
Cette riche région du nord-est de l’Espagne a été secouée en octobre par des manifestations parfois violentes après la condamnation à la prison de neuf dirigeants séparatistes pour cette tentative de sécession.
Samedi, lors du débat au parlement, Sanchez a défendu comme «une priorité absolue» sa politique de dialogue en Catalogne face à la droite et à l’extrême droite de Vox, devenue la troisième force politique du pays, qui l’ont accusé de vouloir «en finir» avec le pays, lors d’une session au ton agressif.
Après son investiture, M. Sanchez veut former un gouvernement avec Podemos, le premier gouvernement de coalition depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.
Dans leur programme très critiqué par le patronat, les socialistes et Podemos ont promis un virage à gauche avec une hausse du salaire minimum, des impôts pour les plus riches et les entreprises, et une abrogation partielle de la réforme controversée du marché du travail adoptée par les conservateurs.
Selon les analystes, ce gouvernement minoritaire s’annonce toutefois fragile car il devra chercher des appuis à chaque fois qu’il voudra faire adopter ses réformes.