Entre la pandémie, d’un côté, et les manifestations qui secouent le pays depuis la mort «en direct» et par «étouffement» de George Floyd, de l’autre, on ne peut pas dire que le Président Trump est dans de beaux draps.
Et si, à la veille des élections présidentielles, il comptait redorer son blason en ramenant à la maison les soldats déployés en Afghanistan depuis près de 20 ans, c’est, apparemment, peine perdue puisqu’il ne dispose même plus du soutien des siens.
Le premier républicain à avoir fait faux bond, ce dimanche à Donald Trump en annonçant officiellement qu’il allait soutenir son rival démocrate Joe Biden, n’est pas un inconnu de la scène politique mondiale – loin de là ! – puisqu’il s’agit de Colin Powell, 83 ans; celui-là même qui fut le premier afro-américain à avoir occupé le poste de chef d’état-major des armées avant de diriger la diplomatie américaine sous la présidence de George W. Bush.
«Je ne pouvais pas voter pour lui (en 2016) et je ne peux certainement pas soutenir le président Trump cette année. Nous avons une constitution, nous devons la respecter et le président s’en est éloigné (…) Je n’aurai jamais utilisé ce mot pour aucun des quatre présidents pour lesquels j’ai travaillé ; il ment, il ment tout le temps ! (…) Réfléchissez, faites appel à votre bon sens, posez-vous la question : est-ce bon pour mon pays?».
En évoquant, à la fin de son réquisitoire, la question des tensions raciales qui secouent le pays et celle des relations de la Maison Blanche avec certains pays alliés, l’ancien chef de la diplomatie américaine, reproche à Donald Trump de «diviser» l’Amérique et, pour cela, met en garde ses compatriotes contre le danger que ferait courir au pays sa reconduction pour un second mandat.
Si donc à cause de ses «mensonges», le président Donald Trump risque, ainsi, de perdre le soutien d’une bonne partie de l’électorat républicain, ce qui fait sourire les chancelleries du monde entier, c’est que celui qui lui en fait le reproche aujourd’hui est celui-là même qui, pour avoir le soutien de la communauté internationale afin de justifier l’invasion de l’Irak avait déclaré, haut et fort, le 5 Février 2003 devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, détenir les preuves que Saddam Hussein disposait d’un important stock d’armes de «destruction massive».
La suite on la connait; les troupes américaines ont fouillé l’Irak de fond en comble, en long, en large et en travers, sans jamais en montrer une seule à la communauté internationale puisqu’il n’y en avait pas et qu’il n’y en avait jamais eu auparavant, non plus. Est-ce à dire qu’en matière politique le mensonge a très souvent son mot à dire? Affirmatif puisque le scénario «irakien» ne s’est pas arrêté au seul pays de Saddam Hussein.
Aussi, quand ce ne sont pas des « armes de destruction massive», c’est le trafic de drogue -réel ou supposé – est mis en avant par Washington pour évincer tout chef d’Etat qui n’entendrait pas se plier à ses injonctions. Le président vénézuélien Nicolas Maduro soumis aux «sanctions américaines» en sait quelque chose aujourd’hui et, avant lui, le 3 Janvier 1990, c’était Manuel Noriega, le président du Panama, qui, après avoir été accusé, par la Maison Blanche, de «trafic de drogue» fut obligé de se rendre aux soldats américains lorsqu’en prétextant la protection de ses ressortissants, Washington avait lancé l’opération «Just Cause».
Est-ce seulement parce qu’il «mentirait» alors même que le «mensonge» a très souvent permis à la Maison Blanche d’arriver à ses fins, que Donald Trump n’aurait plus le soutien d’une partie de l’électorat républicain ? Trop peu mais attendons, pour voir…
Nabil El Bousaadi