Karim Ben Amar
Aid Al Adha arrive à grand pas. Comme tous les ans à cette période, les marocains sont à la recherche du mouton qui remplit les conditions du sacrifice. Cette fête est aussi synonyme pour les éleveurs de bétail de «haute saison». Mais il se trouve que cette année, les prix sont considérablement en baisse comparativement à l’an passé. A combien s’élève cette différence? Quelles sont les raisons de cette chute vertigineuse? La Covid-19 en est-elle aussi responsable? Si Mohamed Mounir, un éleveur de bétail de la province de Berrechid nous dit tout.
J-4 pour la fête favorite des marocains. Tous les recoins du royaume s’apprêtent à célébrer la fête du sacrifice, tout en prenant soin de respecter les mesures d’hygiène et de sécurité sanitaire mises en place par les autorités compétentes, par ces temps de pandémie.
Cette année, contrairement aux années précédentes, le prix du mouton n’a pas explosé à l’approche de Aid Al Adha, c’est même tout le contraire qui est en train de se produire. Dès la réouverture des souks hebdomadaires, après la période de confinement obligatoire, le prix des ovidés n’a pu se stabiliser, et cela dans tout le pays.
Pour connaître les raisons de la chute du prix du mouton en cette période pourtant tant attendue par les éleveurs, l’équipe d’Al Bayane a contacté Si Mohamed Mounir, un agriculteur, spécialisé dans l’élevage du bétail.
Notre interlocuteur souligne tout d’abord, que cette année, l’offre est supérieure à la demande. «Il faut savoir qu’il y a un surplus de l’an passé, des milliers de têtes n’ont pas été vendues. A cela s’ajoute, le confinement obligatoire et donc, l’interdiction de cérémonies de mariage, de baptêmes, de circoncisions». Et d’ajouter: «il y a des mariages où l’on sacrifie 100 moutons, mais à cause de la pandémie mondiale liée au nouveau coronavirus covid-19, l’on ne pouvait écouler notre bétail. Aussi, les restaurants spécialisés dans le méchoui achètent quotidiennement entre 10 et 15 moutons, c’est pour vous dire que le surplus est colossal».
Résultat des courses, puisqu’en surnombre, le mouton est dévalué. A cet effet, Si Mohamed Mounir, éleveur de la province de Berrechid et plus précisément de la commune rurale de Sahel Oulad Hriz, affirme que «Le mouton qui valait 2000 dhs l’an passé est négociable aux alentours de 1300-1500 dhs».
«Pour chaque mouton, il y a une baisse de 500 à 700 dhs comparé à l’an passé. C’est une réduction considérable, d’autant plus que le prix de leur alimentation qui est composée de céréales, de plantes et de légumineuses tels que la farine d’orge, d’avoine, du blé ainsi que de fève de fourrage , n’a pas baissé, mais au contraire a augmenté pour cause de sécheresse. L’eau se fait aussi de plus en plus rare», déclare-t-il l’air désespéré.
A en croire notre éleveur de bétail, les commerçants font de meilleures affaires que les professionnels du secteur. «D’habitude, nous élevons notre bétail durant toute l’année pour le revendre au meilleur prix durant cette période de fête. Mais il se trouve que cette année, les commerçants feront de bien meilleures affaires que nous autres éleveurs», atteste-t-il.
«Ils peuvent gagner jusqu’à 500 dhs par tête, alors que pour nous, puisque nous sommes forcés de vendre en gros, au vu de la conjoncture actuelle, nous gagnons 50 dhs par tête. C’est une véritable catastrophe» a-t-il confié.
En réponse à une question sur une éventuelle aide de l’Etat aux agriculteurs, Si Mohamed Mounir à confier n’avoir reçu aucune aide. «Même la Ramed, je n’ai pas pu en bénéficier. Et de conclure: j’espère sincèrement que cette situation est passagère, sinon je serai obligé de choisir entre nourrir mon bétail ou mes enfants».