Reportage

Festival Art Explora débarque à Rabat

Mohamed Nait Youssef

Il n’y a rien de plus qu’un périple immersif où l’œil est proche  du beau.  La vie est ainsi faite; de lumières et de poésie. Une matinée dominicale automnale. La lumière était agréable. Tout est poétique sur le quai de Bouregreg. Après la ville du Détroit, le Festival Art Explora a enfin débarqué à Rabat, Ville lumière, capitale de la culture. Immersif. Inédit. Innovant. Ce festival itinérant a séduit un large public, toutes couches sociales confondues. Une véritable fête fastueuse ! Ainsi, ce bateau-musée, ayant fait le tour des mers et des océans du monde, a accueilli, depuis vendredi dernier, des mordus des arts et de la culture. Il y en a pour tous les goûts : concerts musicaux, projections de films, installations, expositions, conférences, ateliers… Le périple artistique continue jusqu’à jeudi 17 octobre. Une expérience qui vaut le détour !

Une invitation au rêve et au voyage…

Entre les deux rives, le cadre est magnifiquement choisi, où les lieux emblématiques des deux villes jumelles, Rabat et Salé, dialoguent avec les œuvres exposées. À bord du bateau-musée, les visiteurs ont découvert des expériences immersives savoureuses. Vendredi 11 octobre, en plein air, l’ensemble Laabat de Benslimane avec Florencia Oz a ouvert le bal de cette aventure artistique, invitant au rêve et au voyage. Le groupe de Lâabat de Benslimane et la célèbre danseuse d’origine chilienne ont livré une performance artistique singulière mêlant tradition marocaine de l’Aïta et flamenco andalou. Ce fut un moment délicieux du festival. «Les escales marocaines sont les premières après l’inauguration qui a eu lieu à Marseille, en juin dernier. Nous avons souhaité que le Maroc soit le premier pays que nous visitions après cette escale inaugurale, et nous n’avons pas fait une, mais deux étapes, ce qui est finalement une anomalie dans notre périple méditerranéen puisque le Maroc sera le seul pays à avoir deux escales parmi les quinze que nous visiterons pendant les trois prochaines années.», nous confie Agnès de T’Serclaes, directrice générale adjointe de la Fondation Art Explora. Et d’ajouter : «c’est la raison pour laquelle nous avons choisi ces deux escales : Tanger, ville de dialogue par excellence, de cultures, de religions, aux portes de la Méditerranée. Et c’est là, à Rabat, que nous avons posé nos valises.»

Des expériences immersives à bord du bateau-musée…

Le voyage dans le temps et l’espace est le maître mot. À bord du bateau-musée, le public a eu droit à deux expériences immersives impressionnantes : l’exposition immersive intitulée « Présentes », sur les femmes en mer Méditerranée, organisée en collaboration avec le musée du Louvre, ainsi que le voyage sonore en Méditerranée créé par l’Ircam du Centre Pompidou.

«À Rabat, l’accueil du public n’est pas moins chaleureux que celui de Tanger puisque les gens se précipitent pour venir découvrir ces expériences culturelles à bord du bateau », explique Agnès de T’Serclaes.

Ce voyage sonore, réalisé avec le centre de recherche acoustique du Centre Pompidou, permet, en fermant les yeux avec ce casque, poursuit-elle, de voyager au gré des sens de la Méditerranée, sans oublier l’exposition pensée et conçue avec le musée du Louvre sur la représentation de la femme en mer Méditerranée depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours.

Ce sont, dit-elle, toutes les œuvres du musée du Louvre qui sont amenées à être découvertes à travers un premier documentaire qui présente les œuvres et une expérience immersive à l’intérieur d’une galerie qui permet de les découvrir.

Hors les murs…

L’art déambule. Entre Rabat et Salé, deux pas, un fleuve, mais les deux cités ont une histoire commune. En effet, le Festival Art Explora s’est ouvert sur les deux cités par le biais de l’art et de la culture. Pour ce faire, une programmation pluridisciplinaire diversifiée a été mise en place pour le grand bonheur des publics. À l’affiche de cette édition: une balade patrimoniale dans la ville de Salé, «Sur les traces d’Andalous», animée par l’artiste Mouhcine El Gadi, un atelier de poterie intitulé «Les légendes en terre et mer» assuré par Amine Dhioui, une projection de «Foragers» de la réalisatrice palestinienne Jumana Manna au Cinéma la Renaissance, une performance-installation «We shall have a bon voyage» de Mohammed Abdelkarim et Mourad Belouadi, le lancement de la publication « Space is the place » pensée par Laila Hida et Yassine Rachidi, et bien d’autres événements qui ont rendu les espaces vivants, poétiques et rythmés.

Quand le public fait l’événement…

L’une des spécificités du Festival Art Explora, c’est sa capacité à séduire des publics issus de milieux différents. La preuve : les longues files d’attente de jeunes, de moins jeunes et d’adultes témoignent du succès de cette manifestation artistique itinérante.

«Nous avons déployé notre village itinérant pendant plus de 10 jours, et nous avons été extrêmement heureux de voir l’accueil du public qui est venu encore plus nombreux.», a révélé Agnès de T’Serclaes. Plus de 100 000 personnes sont venues découvrir les expériences innovantes proposées par le Festival Art Explora, a-t-elle affirmé.

«Nous sommes ravis de ces premiers résultats à Tanger, avec des scolaires qui sont venus très nombreux tous les matins de la semaine, et un grand public encore plus nombreux pendant le week-end. Nous sommes très reconnaissants envers toutes les institutions marocaines qui nous ont aidés à organiser ces deux étapes à Tanger et à Rabat.», s’est-elle félicitée.

La programmation pluridisciplinaire de l’escale marocaine du bateau-musée Art Explora, qui se poursuit jusqu’au jeudi 17 octobre, a été conçue par Laila Hida, artiste, curatrice et cofondatrice de l’espace Le 18 à Marrakech.