Par Abdeslam Seddiki
Tout au long des dernières années, précisément depuis la publication du rapport cinquantenaire en 2005, le Maroc n’a eu de cesse de publier études et rapports sur les inégalités sociales et territoriales.
A tel point que nous avons atteint aujourd’hui un degré de saturation en matière de diagnostic et de description. L’heure est désormais à l’action pour corriger les dysfonctionnements constatés et apporter des solutions aux problématiques soulevées. Il faut donc agir et agir maintenant. Le prochain projet de loi de finances, constitue une occasion idoine pour traduire ces préoccupations en chiffres et mesures concrètes en se plaçant sur le sentier du changement pour marquer une rupture avec notre modèle de croissance qui a atteint définitivement ses limites. SM le Roi nous a tracé le chemin à suivre dans son Discours prononcé à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire du 13 octobre 2017 :
«Les problèmes sont connus et les priorités sont claires; nous n’avons nul besoin de recourir à d’autres diagnostics vu qu’il y a, déjà, pléthore en la matière.
A maintes reprises, Nous avons fait le point de la situation et pris la pleine mesure des dysfonctionnements, lesquels sont connus de tous les Marocains.
Car, que demande-t-on en définitive ? en premier lieu, une mise en œuvre efficace des projets de développement programmés et mis en chantier; corrélativement, la recherche de solutions pratiques et réalisables aux vrais problèmes des citoyens et des réponses adaptées à leurs demandes raisonnables et à leurs attentes légitimes en termes de développement, d’éducation, de santé, d’emploi, etc».
Le PLF, qui est dans sa dernière phase d’élaboration, doit absolument apporter du nouveau tant au niveau des priorités qu’au niveau de la philosophie de son montage. Le gouvernement, à qui incombe la responsabilité politique de la préparation du PLF, trouvera dans les discours de SM le Roi et des rapports des différentes institutions nationales (CESE, Cour des Comptes, BAM, HCP…) et internationales (BM, FMI, OCDE) de la matière pour traduire son programme dans la réalité et apporter des réponses aux questions suivantes : comment faire pour rétablir la confiance des citoyens dans les institutions de notre pays ? Quelles mesures à prendre pour instaurer une véritable justice fiscale et une égalité des citoyens devant l’impôt ? Quelles politiques sociales pour assurer la cohésion sociale et renforcer le sentiment de patriotisme et d’appartenance à la nation ? Que faire pour relancer l’ascenseur social et promouvoir l’égalité homme-femme ? Quelles mesures incitatives en faveur de l’investissement productif, créateur de richesses et d’emplois décents ? Comment rationaliser les dépenses publiques sans toucher au pouvoir d’achat des couches démunies et des classes moyennes ? Quelles politiques culturelles adopter pour combler le vide effrayant dans les centres urbains ? Quelle politique en faveur des jeunes ?… Autant d’interrogations qui préoccupent les citoyens et sur lesquelles l’actuel exécutif est attendu au cours des prochains jours et des prochaines semaines.
Le gouvernement a-t-il la volonté, et surtout les moyens, d’apporter des réponses concrètes et satisfaisantes à l’ensemble des questionnements pour mettre le pays sérieusement au travail et dépasser les guéguerres stériles qui n’intéressent personne ? Ou au contraire va-t-il «s’entêter»à faire la politique de l’autruche et continuer à nous servir les mêmes recettes qu’auparavant, auquel cas, il assumera seul la responsabilité des conséquences qui en découleraient ?
Une chose est sûre: l’heure du choix a sonné. Si ce n’est pas déjà trop tard!!!