Ahmed El Ghazoui: «Réviser les programmes stériles»

Le Maroc auquel l’on aspire requiert de couper court avec certaines pratiques improductives et de réviser les programmes qui se sont avérés stériles tout en s’appuyant sur un souffle démocratique nouveau pour s’assurer de l’implication de tous dans l’œuvre de renforcement de la démocratie et d’implémentation de la Constitution de 2011, a affirmé le député Ahmed El Ghazoui, membre du groupement parlementaire du progrès et du socialisme (GPPS : PPS) à la Chambre des représentants.

Réagissant lundi à la présentation faite lors de la séance mensuelle des questions orales, adressées au chef du gouvernement, consacrées aux politiques et plans sectoriels, le député a souligné la nécessité pour tous les acteurs de se mettre d’abord d’accord sur la définition du Maroc auquel le peuple aspire. Il a précisé qu’il s’agit, enfin de compte, d’un choix politique et que le modèle de développement recherché est également une option politique et volontariste autour de différentes orientations et de divers parcours.

Absence d’un plan national intégré

Les politiques publiques sectorielles qui ont porté sur diverses activités économiques et des services s’inscrivant dans le cadre de l’actuel modèle de développement, qui s’est essoufflé, ont en effet perdu leurs efficacité et performances pour plusieurs raisons, dont en premier lieu l’absence d’un plan national intégré qui réalise la convergence et la concordance autour d’objectifs nationaux communs précis de manière participative et démocratique, s’appuyant sur une mobilisation nationale et populaire.

Selon El Ghazoui, l’inefficacité de ces politiques publiques trouve aussi son explication dans la faible qualité de l’enseignement et du capital humain en général.

La formation professionnelle ne contribue pas à la production du nombre requis de main d’œuvre technique qualifiée et des cadres dotés de la capacité scientifique nécessaire pour accompagner les plans sectoriels et améliorer leur qualité.

Presque 60% de la main d’ouvre active n’a ni certificats ni diplômes. 25% des diplômés est en chômage.

C’est pourquoi, l’on en déduit que le système éducatif national manque de performance et de rendement, malgré le budget important qui lui est alloué, estimé à 5,6% du PIB, a-t-il expliqué.

Des propositions de redressement

C’est pourquoi, les députés du PPS recommandent un certain nombre de propositions pour redresser la situation, a-t-il ajouté.

Pour eux, a-t-il dit, il est nécessaire de procéder à l’adoption d’une approche stratégique sectorielle dotée des instruments d’évaluation suffisants pour s’assurer de sa réussite.

Il est également indispensable, a-t-il ajouté, de réfléchir avec sérieux à l’adoption d’une planification stratégique maitrisée, comme moyen de gérer de manière rationnelle les recettes et les dépenses, de définir les prévisions d’avenir pour faire face aux fluctuations imprévisibles.

Il s’agit, également, d’assurer la convergence requise entre les différents programmes sectoriels et les politiques publiques dans le but de réaliser davantage d’efficacité et de gestion optimale des ressources disponibles, et de produire suffisamment de richesses et de créer les opportunités d’emploi en quantités suffisantes.

Et le député de souligner qu’en attendant de passer à un nouveau modèle de développement, il importe d’orienter le Plan Maroc Vert vers la réalisation en premier de l’objectif de la sécurité alimentaire, du développement du monde rural et de l’amélioration du revenu des petits et moyens agriculteurs, sachant que 40% de la population rurale est active dans le secteur agricole, a-t-il dit.

Le pilier II du PMV…

Il importe aussi d’accorder la priorité au deuxième pilier du PMV qui ne bénéficie que de 10% de ce qui est consacré au premier pilier, a-t-il ajouté.

Il est nécessaire aussi d’encourager la valorisation des produits agricoles à travers la création d’unités industrielles de transformation dans le monde rural, a-t-il dit, notant que cette action devra contribuer à coup sûr à l’émergence et au renforcement de la classe moyenne et faire d’elle un facteur d’équilibre et un levier du développement économique et social, à l’instar du rôle important de la classe moyenne dans les villes, comme l’a appelé Sa Majesté le Roi dans Son discours à l’occasion de l’ouverture de la session parlementaire en cours.

Edifier une base technologique nationale

Abordant le plan d’accélération industrielle qui s’est fixé notamment comme objectif la création de 71.000 postes d’emploi, le député a souligné la nécessité pour l’Etat et les entreprises publiques d’être fortement présents dans la politique d’industrialisation avec l’amélioration du niveau d’intégration, d’aller vers l’édification d’une base technologique nationale, à travers l’association de l’université marocaine et des instituts de recherche dans la perspective de mise en place d’une industrie nationale véritable, capable de gagner le pari de la compétitivité internationale et d’assurer l’indépendance de l’économie nationale.

Evoquant le secteur du tourisme, le député a appelé à en diversifier l’offre pour l’adapter à la diversité de la demande interne et externe, tout en tenant à fructifier le patrimoine civilisationnel et la richesse immatérielle que le Maroc recèle.

Il est donc temps de tenir compte de ces recommandations pour éviter de commettre les mêmes erreurs du passé au moment où l’on poursuit la réflexion sur le nouveau modèle de développement, tout en ayant à l’esprit les expériences des autres peuples et le contexte international changeant avec les grands défis qu’affronte l’humanité tout entière dont le Maroc, a-t-il dit.

Développer «Marocain»

Il est donc nécessaire pour le Maroc de ne compter que sur ses propres atouts et moyens et de développer ses capacités de mise en place de ses programmes et plans de développement sans faire appel de manière excessive aux expertises étrangères qui lui coûtent très cher, a-t-il fait observer.

Et le député de souligner que l’on veut des programmes sectoriels produits par des Marocains et dans leur intérêt.

Selon lui, l’on aspire à un modèle de développement et à des politiques publiques qui se préoccupent en premier et dernier ressort du citoyen, de l’amélioration de son niveau de vie et de la préservation de sa dignité.

D’après le député, l’intérêt du développement économique et technologique du pays réside avant tout dans l’amélioration du niveau de vie des citoyens. Et c’est là le critère à prendre en compte pour l’évaluation des programmes, des plans et des politiques, a-t-il martelé, estimant que c’est cette démarche qui est susceptible de rétablir la confiance des citoyens dans les institutions et de susciter en eux la motivation et l’enthousiasme de se surpasser.

M’Barek Tafsi

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