Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
Au vu des résultats des élections primaires qui sont un prélude pour les législatives du 14 novembre prochain et qui ont eu lieu, dimanche dernier en Argentine, le moins que l’on puisse dire c’est que la coalition péroniste « Frente de todos » (Front de tous), centre-gauche, qui est la formation politique du président Alberto Fernandez, a été battue à plate-couture par l’opposition conservatrice regroupée sous la houlette de « Juntos por el cambio » (Ensemble pour le changement).
Censé désigner les candidats aux législatives et ordonner le nombre de listes de députés et de sénateurs nationaux et provinciaux, ce scrutin qui revêt un caractère obligatoire, est un test pour le premier tour des législatives de mi-mandat qui auront lieu en novembre prochain au titre du renouvellement de la moitié des députés et du tiers des sénateurs.
Jouant donc le rôle de « répétition générale », ces primaires permettent d’écarter, de l’élection législative qui se tiendra au titre du renouvellement de 127 députés sur les 257 qui forment la chambre et de 24 des 72 sénateurs, les candidats qui ne recueillent pas au moins 1,5% des suffrages.
Ainsi, à l’issue du scrutin de ce dimanche qui s’est tenu à deux ans de l’élection présidentielle d’Octobre 2023 et après le dépouillement de 65% des bulletins à Buenos-Aires et de 54% dans la province, il ressort que les conservateurs sont arrivés en tête dans la région de Buenos-Aires, la plus peuplée du pays, en y remportant 84% des suffrages exprimés.
Les résultats obtenus dans les autres circonscriptions électorales témoignent d’un très net recul du parti au pouvoir et laissent entendre que le gouvernement péroniste a de très fortes chances de perdre sa majorité au Sénat et de renforcer sa position minoritaire à la Chambre des députés ; tout cela à cause d’une longue récession, d’une inflation galopante et d’un taux de pauvreté qui aurait atteint 42% en dépit des récents signes de reprise économique et de la baisse du nombre de contamination au Covid-19.
De l’avis de Laura Tagina, enseignante à l’Université de San Martin, « ce vote est l’expression d’une grande fatigue dans un contexte de pandémie » mais aussi de la situation économique désastreuse qui a vu le jour après un long confinement.
Ces résultats ont permis au quotidien « Clarin », qui joue le rôle de porte-voix de l’opposition, de s’en donner à cœur-joie en considérant qu’ils sont une sanction claire à la politique du président péroniste Alberto Fernandez.
N’étant pas allé avec le dos de la cuillère, le quotidien a usé de termes triés sur le volet en écrivant, notamment, que ce camouflet constitue un « tremblement de terre politique pour le gouvernement », une « débâcle », un « coup de massue » et encore un « démembrement ».
Pour le grand quotidien sud américain « El Pais », « les candidats au Congrès soutenus par le gouvernement ont perdu dans tous les districts les plus importants et même dans la province de Buenos Aires, bastion de la vice-présidente Cristina Kirchner » mais aussi du péronisme et constituant, par ailleurs, le plus grand réservoir de votes du pays.
Ainsi, près de deux ans après l’arrivée au pouvoir d’Alberto Fernandez, les indicateurs sont sans appel avec une pauvreté en augmentation qui touche, désormais, près de 42% de la population, une inflation galopante dont l’objectif annuel fixé à 29% a été dépassé dès le mois de Juillet, la faillite de 200.000 entreprises et la disparition de 100.000 emplois.
Sur le plan sanitaire, le pays n’est pas mieux loti puiusqu’avec plus de 113.000 décès des suites du Covid-19 pour une population totale de 45 millions d’habitants, l’Argentine se situe parmi les dix pays au monde les plus durement frappés.
Tout cela indique qu’en Argentine le péronisme n’a plus le vent en poupe mais attendons pour voir…