Aziz BELAL, 39 ans déjà…
Par Mohamed RAHJ*
Le 23 Mai est déjà là, 39 ans que Aziz Belal n’est plus de ce monde, 39 ans qu’il n’est plus parmi nous physiquement, mais présent avec nous grâce à sa pensée et ses idées qu’il nous a léguées.
Mais l’anniversaire de cette année (2021) reste exceptionnel à plus d’un titre. Outre le recueillement et l’hommage à rendre à sa mémoire, cet évènement se présente comme une opportunité pour se pencher sur les idées du défunt afin de les confronter avec les exigences du nouveau modèle de développement en gestation.
Tous ses disciples et ses amis s’accordent à dire que BELAL a développé toute une réflexion sur le développement en reformulant plusieurs idées, certes très engagées, mais pertinentes et qui restent d’actualité.
En effet, Belal a consacré l’essentiel de sa vie académique et militante à la réflexion sur la problématique du développement. Malgré une vie relativement courte, il a pu produire un ensemble d’écrits (ouvrages, articles, communications, conférences…) traduisant son intérêt indéfectible à cette question, combien complexe.
Loin d’être une simple question de croissance économique, le développement tel qu’il est pensé par Belal, se présente comme un tout intégrant à la fois les facteurs économiques, idéologiques, culturels… C’est pourquoi il considère le développement comme «un processus cumulatif, socialement maitrisé et continu de croissance des forces productives, englobant l’ensemble de l’économie et de la population à la suite de mutations structurelles profondes permettant la mise à jour de forces et de mécanismes internes d’accumulation et de progrès».
Le nouveau modèle de développement a tout à gagner en reprenant à son compte ce cadre conceptuel dans le cadre d’une nouvelle stratégie de développement autocentrée et inclusive prônant à la fois « un investissement efficace aux effets multiplicatifs élevés ; un rôle dominant du secteur public ; des institutions démocratiques, décentralisées et dotées de larges attributions en matière économique et sociale ; la conciliation des impératifs d’efficacité économique et de justice sociale…».
Le chef d’orchestre, pour mener à bien cette mission, ne peut être que l’Etat à qui incombe la responsabilité principale du développement économique et social du pays. Mais ce dernier ne pourrait l’assumer pleinement et efficacement que dans la mesure où il représente réellement les intérêts de la majorité de la population, notamment de ses couches les plus déshéritées, et non par les intérêts d’une minorité de privilégiés».
65 ans après l’indépendance, le Maroc n’a toujours pas réussi le développement : une croissance économique faible et tributaire des aléas climatiques, qui crée peu de richesses et surtout peu de postes d’emploi alors que chaque année, plus de 300 000 jeunes arrivent sur le marché du travail ; les écarts entre les territoires ne cessent de s’amplifier ; les écarts entre les riches et les pauvres se creusent d’année en année au point qu’on assiste aujourd’hui à une fracture sociale béante (les événements de Ceuta est l’illustration parfaite de cette situation…).
Il est temps de changer de cap, de faire de nouveaux choix, d’adopter un nouveau modèle de développement économique et social, dont l’objectif ultime serait de créer plus de richesses, de les distribuer équitablement afin de réaliser une véritable justice sociale et d’assurer le bien être à l’ensemble de la population sans exclusion ou discrimination aucune.
*Professeur universitaire et ancien président
de l’Université Hassan premier