Birmanie : Le long chemin vers la paix….

Indépendante depuis 1948, la Birmanie, devenue République du Myanmar en 1989, est minée par des rivalités ethniques et des conflits qui opposent le pouvoir central qui repose essentiellement sur une très puissante armée «la tatmadaw» et une multitude de  groupes ethniques plus armés les uns que les autres.

Soucieuse, cependant, de «créer un climat de confiance» et de parvenir à mettre fin à près de 70 années de guerre civile, Aung San Suu Ki, ministre des Affaires Etrangère et Conseillère d’Etat,  avait appelé à la tenue, du 31 Août au 4 septembre derniers, d’une conférence à laquelle assisteraient son gouvernement, l’armée qui dispose de prérogatives considérables ainsi qu’une vingtaine de groupes ethniques… Mais ceux-ci n’ont pas tous voulu y participer. D’ailleurs, à l’automne dernier, seuls huit d’entre eux avaient consenti à parapher avec le gouvernent d’alors un accord de «cessez-le-feu» pendant que les treize autres avaient rejeté la trêve.

Raison pour laquelle, Amrita Dey redoute, dans le «Myanmar Times», que cette conférence ne soit pas différente des demandes des gouvernements précédents qui, en appelant les ethnies à cesser le combat avaient omis l’essentiel à leurs yeux ; à savoir l’instauration d’un système fédéral qui leur conférerait une certaine auto-détermination.

Or, pour l’armée ce concept d’auto-détermination devrait être manié avec une extrême prudence car il ne pourrait donner lieu qu’à un affaiblissement du pouvoir central.

Ainsi, Aung San Suu Ki, qui a été accusée d’avoir convoqué dans la précipitation la tenue d’un rassemblement qui ne débouchera sur rien puisque les participants ne sont d’accord sur rien, s’est trouvée contrainte, par ailleurs, de se plier aux injonctions d’une institution militaire restée toute puissante.

Aussi, comme personne ne s’attendait à des résultats concrets à l’issue de cette rencontre personne ne pourra dire qu’il a été déçu et même Aung San Suu Ki qui s’est attachée à montrer que «la bonne volonté et les dispositions des uns et des autres» sont déjà un  premier pas à partir duquel pourra s’esquisser un dialogue politique a dû reconnaître, dans son discours de clôture, que «parvenir à la paix est difficile» mais aussi que cette réunion n’est que la première d’une longue série.

Il est à noter, néanmoins, que ces derniers temps les nombreuses apparitions d’Aung San Suu Ki, en compagnie du chef des forces armées qui l’avaient placée en résidence surveillée pendant quinze années, font grincer les dents des minorités même si en agissant ainsi l’intéressée, profitant  du fait que ces derniers font plus confiance au gouvernement présidé par son parti, la Ligue Nationale pour la Démocratie, qu’aux militaires, entend bien leur montrer que la paix est au bout du tunnel.

Nabil El Bousaadi

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