Grande Bretagne
Usé par les scandales, affaibli par une série de démissions sans précédent, le Premier ministre britannique Boris Johnson s’est finalement résolu jeudi à quitter le pouvoir, en annonçant sa démission en tant que chef du parti conservateur.
« C’est clairement la volonté du parti conservateur qu’il y ait un nouveau leader et donc un nouveau Premier ministre », a-t-il déclaré lors d’une allocution de six minutes devant Downing Street, se disant « triste » de quitter « le meilleur travail au monde ».
Le calendrier pour l’élection d’un nouveau leader conservateur sera précisé la semaine prochaine, a ajouté Boris Johnson.
Reconnaissant son échec, il a néanmoins jugé « dingue » que son gouvernement ait voulu se débarrasser de lui.
Depuis Bali, la ministre britannique des Affaires étrangères Liz Truss, possible candidate à la succession, a appelé au « calme et à l’unité », estimant que Boris Johnson avait « pris la bonne décision ».
Un sondage YouGov auprès des membres du parti conservateur donne le ministre de la Défense Ben Wallace favori pour succéder à M. Johnson.
« Nous n’avons pas besoin d’un changement à la tête des Tories. Nous avons besoin d’un vrai changement de gouvernement », avait peu avant fait valoir le chef de l’opposition Keir Starmer, menaçant d’organiser un vote de défiance à la Chambre si M. Johnson restait au pouvoir.
D’une popularité jadis inoxydable, Boris Johnson avait sombré dans les enquêtes d’opinion: selon deux sondages cette semaine, près de 70% des Britanniques souhaitaient son départ.
« Il était temps ! Sérieusement, avait-on déjà vu quelqu’un de si arrogant, ignorant, délirant », a estimé Helen Dewdney, 53 ans, une employée interrogée par l’AFP à Londres.
« Voilà ce qui se passe quand vous avez un Premier ministre qui n’a aucun scrupule », a réagi Cletus Morraies, 51, employé dans un cabinet d’avocats, « mensonges après mensonges (…) pour moi, il a trahi le pays ».
Les démissions et les appels au départ de M. Johnson s’étaient poursuivis jusqu’à son annonce jeudi, alors que Downing Street annonçait une série de nominations pour remplacer les ministres et secrétaires d’Etat démissionnaires.
Le tout nouveau ministre des Finances Nadhim Zahawi, nommé mardi, avait appelé Boris Johnson à « partir maintenant », alors que la ministre de l’Education Michelle Donelan, nommée elle aussi mardi, annonçait sa démission, estimant qu’elle n’avait « pas d’autre choix ».
Au total, une soixantaine de départs ont été annoncés au sein du gouvernement depuis mardi, dont cinq ministres, un exode d’une rapidité sans précédent dans l’histoire politique britannique.