Chine: Un homme d’affaires accusé de trahison

Nabil El Bousaadi

Grand magnat de l’immobilier et important membre du Parti Communiste Chinois, Ren Zhiqiang ne s’était pas empêché de critiquer la gestion de l’épidémie du Covid-19 par les autorités chinoises et la politique menée par le secrétaire général du parti, le Président XI Jinping.

Or, malgré ses attaques à l’endroit du pouvoir, l’intéressé avait, pendant longtemps, bénéficié d’une certaine tolérance grâce à sa trop grande proximité avec le chef de l’Etat et, surtout, au fait qu’il soit, tout comme le président, ce que l’on appelle un «prince rouge » dès lors que son père fut vice-ministre du commerce et que lui-même, qui avait rejoint le PCC en étant à peine âgé de 23 ans, présidait le groupe immobilier public «Hua Yuan Property» avant de prendre sa retraite en 2014.

Mais, la pandémie du Covid-19, qui avait fait son apparition en décembre dernier à Wuhan, fut une très rude épreuve pour le pouvoir chinois qui avait réagi de manière assez musclée en muselant l’information et en jetant les dissidents dans les cachots.

Ren Zhiqiang, son fils et son assistant en ont payé les frais en disparaissant dès le 12 mars dernier, après  la publication, en ligne, d’un article dans lequel après avoir assimilé le chef de l’Etat à un «clown assoiffé de pouvoir» et à un «empereur nu», le magnat de l’immobilier avait notamment déclaré que « tôt ou tard, il faudra que le Parti paie sa dette au peuple».

En ajoutant à cela le fait que les sorties au vitriol de l’intéressé contre la politique du PCC lui avaient valu le surnom de «canon» et qu’il avait résisté à une enquête le concernant ouverte par le PCC en refusant de plaider coupable, force est de reconnaître qu’il n’en fallait pas plus pour que, dans un communiqué en date de ce jeudi, les autorités chinoises accusent officiellement ce dernier de «violation grave de la discipline et de la loi (et de) collusion avec ses enfants pour accumuler de la richesse sans mesure» et annoncent son exclusion du parti et la saisie de ses actifs pour avoir «sali l’image du Parti et du pays», «déformé l’histoire du parti et de l’armée» et, enfin, «manqué de loyauté et d’honnêteté à l’égard du Parti ». Autant de faits qui ouvrent la voie à un procès.

En abordant ce sujet dans sa page de politique internationale, le New York Times signale que Wang Ying, un entrepreneur à la retraite, ami de Ren Zhiqiang, aurait écrit, sur le réseau WeChat, qu’«il s’agit d’une persécution politique évidente» car l’intéressé, un personnage qu’il est fier d’avoir comme ami, «est un homme bon comme on en rencontre rarement, un bon citoyen, prêt à prendre ses responsabilités, un entrepreneur qui jouait son rôle et respectait la loi».

Et si, ces dernières années, les autorités de Pékin avaient mis en scène les confessions de plusieurs militants ou bloggeurs réclamant la clémence du pouvoir, le «canon» Ren Zhiqiang n’a pas fait partie du lot. Ce nouveau «prince rouge» chinois parviendra-t-il à s’extirper des griffes des autorités de Pékin malgré son entêtement ? Attendons pour voir…

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