Couches bébés: Imanor, plus exigeant

Après les révélations choquantes en janvier dernier, du magazine français 60 Millions de consommateurs, sur la présence de substances toxiques voire cancérigènes dans les couches bébés, l’Institut Marocain de Normalisation (IMANOR) passe à l’offensive. L’instance de normalisation a décidé de revoir la norme marocaine NM 04.4.015 relative aux couches bébés et de la mettre à jour. Elle prévoit désormais des exigences sur les substances dangereuses et les méthodes utilisées pour leur identification.

En janvier 2017, le magazine 60 millions de consommateurs faisait l’une des révélations les plus inquiétantes sur les couches-culottes pour bébés, après celle sur la présence de substances toxiques dans les tampons et serviettes hygiéniques par l’Espace Multidisciplinaire d’Interaction Environnementale (EMISA). Selon une étude menée sur 12 marques de couches par le magazine, 10 présentaient des substances indésirables et dont la toxicité était suspectée ou avérée. Seules deux marques, notamment les couches vendues dans les supermarchés E. Leclerc et la marque «Love & Green» sortaient du lot.

Après cette révélation, qui touche certaines marques de couches bébés vendues au Maroc et épinglées par l’étude, entre autres Pampers, lmanor vient de décider d’assainir ce marché très sollicité, puisque chaque année un milliard de couches sont écoulées et qu’avant de devenir propre, un bébé porterait en moyenne 6000 couches.

Désormais, les marques de couche ne devront plus uniquement remplir les exigences fonctionnelles, le marquage des couches ou les méthodes d’essais pour être vendues sur le marché national, comme le prévoyait la première version de la norme NM 04.4.015 publiée en 2000. Elles devront en plus satisfaire de nouvelles exigences que vient d’introduire l’instance. La nouvelle mouture de la norme intègre désormais la classification des couches bébés, le marquage, le PH. Une autre donne fait également son entrée, notamment les spécifications relatives aux substances dangereuses et les méthodes associées à leur détermination, notamment pour les métaux lourds, le formaldéhyde, les allergènes…

De nouvelles exigences qui permettront aux consommateurs d’être plus avisés avant de choisir ses couches bébés, sachant que jusqu’aujourd’hui, les marques de couches de bébés ne sont tenues par aucune réglementation d’afficher les compositions des couches, contrairement aux autres produits «bien-être» comme les cosmétiques.

Selon Imanor, cette mise à jour vise à introduire des dispositions en relation avec l’hygiène et des critères sur des substances potentiellement dangereuses pour les bébés et les petits enfants et garantir la qualité des couches bébés sur le marché. D’ailleurs, l’établissement de normalisation souligne bel et bien que cette révision fait suite aux études récentes ayant démontré des risques liés à la présence de molécules toxiques dans les couches bébés et pouvant avoir des effets irritants et cancérogènes, surtout qu’ils sont en contact permanent avec les fesses de bébés, une zone très sensible.

A en croire l’Institut, cette mise à jour élaborée en collaboration avec les fabricants, les importateurs, les administrations, les laboratoires, devrait permettre d’élaborer également des normes pour s’attaquer aux produits similaires comme les couches pour personnes âgées, les serviettes hygiéniques. Notons qu’une récente étude de l’EMISA affirmait que 85% des tampons et serviettes hygiéniques sur le marché contiendraient du glyphosate, l’herbicide chimique le plus vendu au monde.

En effet, en janvier 2017, le magazine 60 Millions de consommateurs annonçait que 9 marques de couches testées sur les 12 concernées par l’étude contenaient, surtout au niveau des ouates, des composés organiques volatils irritants et neurotoxiques, comme le toluène ou encore le styrène. L’étude épinglait en outre des marques de couches présentées comme «écolo» et contenant des traces d’hydrocarbures aromatiques polycliniques, de l’herbicide glyphosate, comme le modèle «Eco Planète» de Carrefour. Elle révélait par ailleurs que «Baby Dry» de la marque «Procter 1 Gamble» présentait des traces de deux pesticides classés cancérigènes possibles, notamment le dioxine et le furane.

Des produits que l’on soupçonnerait de perturber le système hormonal, selon le magazine. Si ces substances sont présentes en faible quantité, notait Victoire N’Sondé, auteure de l’enquête, «il n’y a pas jusqu’aujourd’hui d’évaluation de risque pour le cas des couches appliquées directement sur la peau». «Etant donné que les bébés sont particulièrement sensibles aux substances toxiques, le principe de précaution doit prévaloir», soulignait la journaliste. D’ailleurs, pour la chercheure, le principe de tolérance zéro devait être appliqué à tout résidu présent dans les couches et soupçonné de risque toxique. Sur les 12 marquées étudiées, seules deux n’ont pas présenté de produits toxiques. Un constat qui fait dire au magazine que l’objectif d’écarter tout résidu toxique des couches par les autres marques épinglées est atteignable.

Danielle Engolo

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