De Marrakech à Tineml: un long périple dans les entrailles d’Al Haouz…

Reportage :

DNES à Tineml Mohamed Nait Youssef

La faucheuse a frappé trop fort dans la région d’Al Haouz qui n’a pas encore pansé ses blessures et fissures. Depuis vendredi 8 septembre, un violent séisme de magnitude 7 degrés sur l’échelle de Richter  a fait des morts, des dégâts, des orphelins  et des rescapés. Le bilan était bien entendu lourd et dramatique. L’odeur de la mort est partout. La terre a avalé tous les souvenirs enterrés sous les décombres.

Des vestiges et des souvenirs enterrés sous les décombres

C’est un constat. Dans certains villages, il faut le dire, seuls  les vestiges sont des témoins d’une vie passée apparemment  simple et paisible.
Sur notre route de Marrakech en passant par Tahannaout, Asni, Talat N’Yaaqoub puis Tineml, on a croisé des visages fatigués, des hommes et des femmes solides, une société civile toujours debout, mais aussi et surtout des autorités marocaines à pied d’œuvre. Par ailleurs, derrière les beaux paysages montagneux à  perte de vue se cache le drame qui a secoué le pays. Et pour y arriver, le chemin parcouru était long, difficile et harassant. Les histoires racontées par les habitants de chaque douar sont multiples, dont un seul fil d’Ariane les unies : le choc, le drame et le malheur.

Une plaie ouverte…

À Tinmel, le séisme a détruit des maisons, des biens, sans oublier la fameuse mosquée construite il y a plusieurs siècles. La preuve ?  Ce joyau architectural et monument historique important a été profondément touché par le tremblement de terre. En revanche, la population, malgré le désastre, panse ses plaies en essayant  de prendre son ‘’destin en main’’ et de reprendre  sa vie doucement, mais sûrement. Nous sommes arrivés à ce bout  de paradis sur terre à 11h.Un trajet de 4 heures depuis la ville ocre.

Il fallait alors traverser la fabuleuse vallée  de Oued N’Fiss (Assif Ounfis) pour arriver au magnifique village  dormant au cœur des montagnes du Haut Atlas marocain.

« Il est 23h15. La terre a tremblé sous mes pieds. Mes chiens m’ont alerté de ce danger étrange. J’ai voulu fuir ce désastre en essayant de me cacher dans la mosquée, mais la fumée m’a empêchée. Du jamais-vu. », nous raconte Lahcen Matallah, gardien de la grande mosquée de Tinmel gravement touchée par le séisme. Imprévisible, le tremblement de terre a tué, selon ses dires, trois travailleurs de ladite mosquée qui  ont trouvé la mort.

La jeunesse, l’espoir de demain…

Au milieu de cette tragédie, des jeunes de la région se sont mobilisés massivement pour atténuer les effets du séisme. « On a vécu l’horreur. On dirait une vraie apocalypse. », nous déclare Aziz, un jeune du village de Tinmel ayant repêché le corps d’une dernière victime retrouvé  sous les décombres, trois jours après le séisme. « C’est un jeune de 38 ans qui est venu travailler dans le chantier de restauration de la mosquée. », a-t-il révélé. Et d’ajouter : « c’est l’heure de la solidarité et surtout du travail. En effet, les jeunes reviennent à la charge pour que la vie revienne à la normale. » 

Mohamed Idensoud, président de l’association Tinmel pour le développement, travaille d’arrache-pied avec les autres jeunes du village pour que la vie revienne à la normale dans un ensemble de douars. «Un bon nombre de demeures sont détruites et d’autres inhabitables.  Nous sommes très fiers de cet élan de solidarité inédit exprimé par les Marocaines et Marocains.», a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « Aujourd’hui,  on a suffisamment de  produits alimentaires. Ce qui manque ce sont les médicaments, notamment en ce qui concernent les maladies chroniques.»

Des activités pour enfants pour chasser l’ennui

A l’école deTinmel, des ateliers se sont organisés en plein air au profit des enfants. Ayoub Amazigh, neuropsychologue, a fait le déplacement de Tétouan pour apporter de l’aide à la population et ses enfants. «Je suis venu ici pour assurer un accompagnement psychologique pour  les gens du  douar notamment après cette crise inédite du séisme qui a frappé la région.», a-t-il souligné.  Le jeune bénévole a organisé des activités pour enfants afin non seulement de chasser l’ennui, mais aussi de les accompagner sur le plan psychologique.

La ville ocre retrouve son activité touristique

Samedi 16 septembre. Il est 11h. La lumière est bonne, le ciel est bleu et dégagé à la ville ocre, Marrakech. Cela fait presque une semaine que le séisme a bouleversé  la région d’Al Haouz où des vies ont retrouvé soudainement la mort.

La cité rouge se réveille tranquillement pour retrouver son calme et son charme après de longues nuits cauchemardesques. Les commerçants, propriétaires de cafés et restaurants  et animateurs de  la place mythique de Jemaa El Fna se préparent pour accueillir de nouveaux touristes et visiteurs issus des quatre coins du monde. »On a traversé une  épreuve difficile. La terre a  bougé sous nos pieds.

La preuve est devant vous: le minaret de la mosquée Khabouch est profondément touchée. », nous confie Ali, gérant d’un restaurant de la place.

La ville des sept saints compte ses dégâts. En effet, de nombreux sites historiques et patrimoniaux, des remparts, des murs et des demeures de l’ancienne médina, cœur battant de la cité, ont été largement impactés par le séisme. Mais la vie continue.

« Ce n’est pas la première fois que je visite cette belle ville aux lumières et couleurs joyeuses. En effet, je ne vois pas un grand changement après ce tremblement de terre.

J’espère que la vie revienne à la normale et que les touristes viennent visiter ce beau pays béni. », nous confient Jean et son épouse, un vieux couple français,  sirotant leur  thé en méditant la mosquée Khabouch.

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