Des passes d’armes médiatiques qui laissent à désirer

La majorité gouvernementale est constamment tiraillée par les passes d’armes médiatiques entre ses deux principales composantes, le parti de justice et de développement (PJD) et le Rassemblement national des indépendants (RNI).

Ces trébuchements, souvent hasardeux, qui renvoient une triste image de la structure politique, provoquent des crises internes et relèguent, du coup, au second plan la principale mission de cette coalition hétéroclite à savoir la mise en place des stratégies efficientes afin de répondre aux attentes des citoyennes et des citoyens. Cet état de fait donne l’effet de l’huile sur le feu en intervenant dans un contexte tendu et hautement ponctué par des tensions sociales qui ne cessent de croitre, des revendications syndicales à tous les étages, de la précarité qui prend de l’ampleur dans le monde de l’emploi, du malaise social qui s’accentue au fil des jours.

C’est dans ce contexte que chacun de ces deux acteurs de la majorité gouvernementale réunit son instance exécutive pour alimenter la polémique et «répondre» aux propos et accusations de l’autre. Le triste constat est le même quand il s’agit de meetings organisés par l’une de ces deux composantes à l’étranger ou à l’intérieur du pays. C’est ainsi que le président du Rassemblement national des indépendants, Aziz Akhannouch, qui était sans appartenance politique (SAP) dans le précédent gouvernement, dirigé par Abdelilah Bnkirane, a tenu à répondre dernièrement à partir de l’Allemagne à son principal Allié, Saâd-Eddine El Othmani, secrétaire général du parti de justice et de développement (PJD) qui l’avait accusé de n’avoir pas tenu ses promesses d’intégrer des jeunes au gouvernement lors du dernier remaniement ministériel intervenu à la veille de la rentrée parlementaire.

En juillet 2019, quand des députés de la Lampe avaient interpellé l’ancien ministre de la jeunesse et des sports, Rachid Talbi Alami sur le parcours de l’équipe nationale à la dernière CAN (coupe d’Afrique des nations) en Egypte, sa réaction était également cadrée par la polémique en poussant le bouchon encore plus loin. En fait, il a saisi l’occasion d’une rencontre de la Colombe avec des jeunes de la région de Boulemane pour s’interroger sur le financement extérieur du parti de justice et de développement et de pointer du doigt l’électoralisme de la Lampe à travers la distribution du panier du Ramadan. Ces sorties avaient fait les choux gras des médias, suscitant des polémiques, allant jusqu’à parler même de situation de non-retour entre les deux principaux alliés de la majorité gouvernementale.

Mais, étonnamment les leaders des deux partis et leurs ministres se sont retrouvés au suivant conseil du gouvernement les uns en face des autres, concertant et validant sans bruit les points inscrits à l’ordre du jour. En fait, les deux partis mettent à profit leurs rencontres partisanes pour se tirer dessus les uns et les autres dans le cadre d’une campagne électorale prématurée. En agissant de la sorte, les deux partis politiques contribuent à la désaffection des jeunes et des moins jeunes de la politique et renvoient une triste image de la chose politique, de l’engagement politique et des institutions du pays.

B.A

Ces passes d’armes médiatiques et les polémiques qu’elles suscitent et alimentent renvoient une triste image de la structure politique. Elle provoquent des crises internes et relèguent, du coup, au second plan la principale mission de cette coalition hétéroclite à savoir la mise en place des stratégies efficientes afin de répondre aux attentes des citoyennes et des citoyens.

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Abdelouahed Souhail, membre du BP du PPS

«Notre pays n’a pas besoin de cette situation»

Ce qui caractérise la coalition gouvernementale est le manque de cohésion et de solidarité entre ses composantes, comme nous l’avons déjà souligné à plusieurs reprises quand nous étions au sein de cette majorité.

En fait, dès la constitution de cette majorité, dès le lendemain, l’une de ses composantes s’est lancée dans une campagne électorale prématurée en parlant de 2021 et de ses échéances électorales.

On ne sent absolument pas ni une harmonie, ni une solidarité au sein de cette coalition gouvernementale ; ce qui a créé un climat très mal sain pour la vie politique nationale et pour le processus démocratique dans le pays. Il n’y a pas de confiance entre des membres d’une majorité sensés travailler ensemble et diriger ce gouvernement. Du coup, l’action gouvernementale et les intérêts du pays en pâtissent.

C’est un fait. C’est dommage. Je pense que c’est l’une des principales causes ayant poussé le parti du progrès et du socialisme (PPS) à quitter cette coalition gouvernementale. Il n’y a pas de cohésion, il n’y a pas de travail en harmonie. Un recul de l’économie. Une dégradation de la vie sociale. Notre pays n’a pas besoin de cette situation. C’est pourquoi, d’ailleurs, lors de notre dernier congrès, nous avons appelé à un nouveau souffle démocratique.

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Omar Abbassi, parlementaire et membre du comité exécutif du PI

«Il n’y a pas de coalition gouvernementale»

Il faut dire qu’il n’y a pas de coalition gouvernementale à proprement parler. D’ailleurs, au niveau du parlement, nous ne sentons pas quelque chose qui s’appelle une coalition gouvernementale qui coordonne ses actions politiques et agit en harmonie dans la gestion des affaires du pays.

En plus de ce manque d’harmonie et de solidarité, cette coalition gouvernementale est constamment déchirée par des tiraillements, des échanges d’accusations parfois très graves et des passes d’armes médiatiques et polémiques. Ses différentes composantes ne ratent aucune occasion pour se tirer dessus les unes et les autres. Il s’agit d’un bloc complètement dispersé par des intérêts partisans.

En fait, des composantes de cette coalition gouvernementale ne sont préoccupées depuis la formation du bloc que par  des campagnes électorales prématurées. Ce qui se répercute négativement sur l’action du gouvernement et renvoie une image négative de sa politique. Et au bout du compte, les intérêts du pays et des citoyens en pâtissent.

Propos recueillis par B.A

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