Plus qu’un bâtisseur, l’architecte est l’artiste géniteur de superbes ouvrages et le maître d’œuvre de tout ce qui se construit. Entre immeubles, bâtiments publics, logements sociaux, zones pavillonnaires, infrastructures ou équipements collectifs, l’architecte est un créateur très sollicité. Au Maroc, la journée nationale de l’architecte, célébrée le 14 janvier de chaque année, est l’occasion de revenir sur plusieurs aspects de la profession à la lumière des mouvances sociales et économiques actuelles, mais également d’établir une analyse profonde des conditions dans lesquelles opère l’architecte marocain.
Dans un contexte de démocratisation des savoirs, et en plein essor des interfaces de communication, le métier d’architecte doit pouvoir évoluer en assumant plus que jamais sa dimension sociale. En effet, l’architecte est appelé à jouer un rôle de premier plan dans l’édification du Maroc de demain, à travers la conciliation entre préservation de l’identité architecturale nationale et l’introduction de nouvelles tendances et techniques d’innovation.
La profession d’architecte est actuellement en métamorphose avec l’adoption prochaine du code des devoirs professionnels et, surtout, le lancement prochainement d’un système de gestion dématérialisée, a indiqué Rachid Boufous, architecte-urbaniste et membre du Conseil national de l’ordre des architectes, dans une déclaration à la MAP.
Cette dématérialisation, a-t-il poursuivi, permettra une meilleure transparence et, surtout, une réelle traçabilité de l’exercice de la profession, de même qu’elle aidera à juguler le phénomène des « signatures de complaisance » qui porte un réel préjudice à l’ensemble du corps professionnel.
Cette démarche de facilitation et de traçabilité du travail de l’architecte, d’après M. Boufous, s’accompagnera aussi par l’adoption dans les semaines à venir d’un contrat unifié, plus complet, garantissant les droits et devoirs de l’architecte et de son client. Ceci dans le but de minimiser les litiges qui surviennent souvent lors de l’élaboration de contrats flous ou incomplets.
Il a toutefois relevé que « les conditions d’exercice de la profession demeurent difficiles » dans la mesure où l’architecte se retrouve face à un ensemble de défis qui entravent le bon déroulement de son activité.
Dans le même sillage, le jeune architecte Imad Belmoudden a relevé qu’en plus des savoirs intellectuels, techniques, financiers et juridiques qui façonnent le métier, l’architecte doit se munir d’outils pour amorcer, aux côtés de tous les intervenants de l’acte de bâtir, une approche participative permettant d’analyser le cadre dans lequel il agit et de mesurer l’impact de son intervention sur la société.
C’est dans cette perspective, a-t-il dit, qu’il importe que la jeune génération d’architectes soit accompagnée par les divers acteurs du secteur, afin de lui offrir un cadre favorable à l’exercice d’une action pluridisciplinaire qui franchit les barrières administratives, logistiques et financières.
Les architectes, de leur côté, doivent unir leurs rangs et se rassembler autour de valeurs communes basées sur le questionnement des méthodes au vu des résultats, a ajouté M. Belmoudden, faisant observer la nécessité d’œuvrer au développement d’une base de données actualisée et adaptée au contexte marocain en encourageant les initiatives de partage à travers des rencontres, des conférences ou par le biais de plateformes numériques.
Ces nouveaux aspects du métier n’altèrent aucunement son essence, selon le jeune architecte.
Une expression architecturale contemporaine doit s’insérer dans une démarche « pragmatique » mettant la société au centre de ses préoccupations, fait-il valoir. La journée nationale de l’architecte est célébrée le 14 janvier de chaque année, en commémoration du discours prononcé le 14 janvier 1986 par feu SM Hassan II à Marrakech devant le corps des architectes, dans lequel le défunt Souverain a souligné la nécessité de développer la conception architecturale marocaine, de manière à préserver la diversité du patrimoine national.
Samia Boufous (MAP)