«Nous le disons clairement : les revendications de Pékin sur les ressources offshore dans la plus grande partie de la mer de Chine méridionale sont complètement illégales, de même que sa campagne d’intimidation pour les contrôler (…) Le monde ne permettra pas à la Chine de traiter la mer de Chine méridionale comme son empire».
Tels furent les termes du communiqué par lequel, en haussant le ton face aux ambitions maritimes de Pékin, le secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères, Mike Pompeo a affiché la grande détermination de Washington à s’opposer à toute montée en puissance de la Chine dans le Sud-Est asiatique après avoir déployé, dans la région, dès le début du mois de Juillet, ses deux porte-avions nucléaires le «Nimitz» et le «Ronald Reagan».
Ainsi, deux années après avoir déclaré la guerre commerciale contre Pékin, l’administration de Washington tente d’ouvrir de nouveaux fronts, au moyen de lois extraterritoriales, afin d’exercer des pressions sur le géant chinois. Cette nouvelle offensive américaine porte notamment sur des questions politiques telles que les droits de l’homme dans la région du Xinjiang, l’espionnage pour Huawei ou encore l’autonomie de Hong Kong.
Aussi, la nouvelle loi sur la sécurité à Hong Kong, promulguée par Pékin le 1er Juillet dernier en dépit de la mobilisation des hongkongais fermement attachés à leur liberté, n’a fait qu’ajouter de l’huile sur le feu et poussé le Conseil de sécurité nationale américain a déclarer que «tout est sur la table»; une situation qui a fait dire à Jean-Pierre Cabestan, sinologue à l’Université baptiste de Hong Kong, que «c’est la première fois depuis Tiananmen, en 1989, que des sanctions aussi systématiques sont prises contre la Chine. A l’époque, c’était un massacre. Là, cela punit la répression mais ce qui est visé, c’est l’affirmation de puissance chinoise. La vraie question est désormais : ‘Peut-on laisser une dictature devenir la première puissance mondiale ?».
Déplorant l’ingérence chinoise dans les affaires intérieures de l’ancienne colonie britannique et notamment le non-respect, par Pékin, de la clause «un pays, deux systèmes» dûment fixée par l’acte en vertu duquel le Royaume-Uni avait rétrocédé ce territoire à la Chine, en 1997, le président Donald Trump a déclaré, mardi dernier, avoir signé une loi dite «Hong Kong Autonomy Act» qui met fin au traitement préférentiel, en matière commerciale et financière, initialement accordé à Hong Kong qui se verra, désormais, «traité de la même manière que la Chine continentale» et prévoit des sanctions à l’encontre des fonctionnaires et des entreprises chinoises ayant soutenu la loi sur la sécurité à Hong Kong promulguée par Pékin.
La riposte chinoise ne s’étant pas fait attendre, Zhao Lijian, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que Pékin « rejette» et «condamne » les sanctions américaines car elles constituent une «grave violation des normes fondamentales régissant les relations internationales et nuisent profondément aux relations entre les Etats-Unis et la Chine» et sommé, enfin, Washington «de cesser de s’ingérer dans les affaires intérieures de la Chine et de cesser de nuire aux intérêts chinois» faute de quoi «la Chine prendra des contre-mesures fermes».
Est-ce à dire que la nouvelle guerre froide qui se déroule entre Washington et Pékin va avoir bien du mal à résister à un réchauffement susceptible de lui donner un tout autre visage ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi