Les règles du jeu électoral sont en débat. Du conclave où elles étaient confinées sans masques, elles sont étalées à travers les médias et les réseaux sociaux. Leur bruissement, beaucoup plus technique, cache in fine la transformation des votes en sièges. On retombe ainsi sur «le nœud» du champ politique tel qu’il est configuré actuellement et qui concerne l’application de l’article 47 de la constitution.
Entre les intérêts partisans et la consolidation du processus démocratique, même dans son cours méandriforme, le système électoral impacte ainsi la vie politique. La compétition électorale aboutit au pouvoir politique tel qu’il est régi par la constitution.Selon le contexte de son déroulement, les règles la régissant sont adaptées pour permettre une plus grande stabilité nécessaire au pouvoir économique pour réaliser ses affaires.
Dans une période où s’élabore un nouveau modèle de développement économique ; dans un contexte où l’épidémie de la covid19 a priorisé les besoins en gouvernance efficiente et en une politique sociale plus développée, le leadership ayant la tâche de l’exécutif devrait être à la hauteur de toutes les attentes. La somnolence politique est devenue un lourd fardeau pour l’émergence du pays.
Le déroulement des élections au plus beau pays du monde révèle chaque fois un taux de participation qui s’érode. A cela s’ajoute une perception conflictuelle entre la population et ses représentants élus, à tous les niveaux. La représentation, locale ou nationale, est perçue comme une sinécure recherchée et non comme une responsabilité assumée visant la mobilisation des volontés pour atteindre des objectifs de développement.
Sans parler de celles et de ceux qui, tout en criant au changement, s’excluent de leur propre gré de l’opération de vote, l’intégration électorale reste problématique et le gaspillage des suffrages est un aspect non négligeable dans le décompte des voix.
L’inclusion électorale dans la représentation est aussi battue en brèche par l’elegerocratie. Celle-ci ne considère que sa notabilité et la réussite de ses affaires au lieu de servir d’intermédiaire entre la population et les gouvernants pour faire valoir ce que de droit et contribuer au dépassement des obstacles qui s’érigent devant les avancées démocratiques, économiques, sociales et culturelles.
La fonction tribunitienne des deux chambres du parlement n’attire plus et la fonction législative reste cantonnée auprès des intéressés. A quelques exceptions près, les soutiens électoraux se limitent à la campagne électorale ; et les permanences parlementaires, quand elles existent, se transforment très vite en bureaux des doléances.
Les attentes de la population sont pesantes et rendent hypocrite la vie des honorables représentants. Le vote sanction reste limité d’autant plus que beaucoup de choses sont facilités, lors de la campagne électorale, par l’usage illégal des billets de banque.
Toutefois ; et malgré tout le mal qui se dit sur les élections, la population est déjà sur le qui-vive à l’approche des échéances de 2021. Laissant les choses techniques à ceux qui les comprennent, elle aspire au changement, à des conditions de vie plus dignes et plus sereines ; à un renforcement de la démocratie, dans tous ses aspects, afin de réduire les inégalités sociales et les disparités spatiales. Si la demande est plus forte qu’auparavant, l’offre reste identique à ce qu’elle était en 2016.
La déception plombe l’ambiance et le débat sur le projet de société n’arrive pas à s’élever au-dessus du débat sur les personnes. Car au fait, ce quotient électoral dont on cherche à trouver le numérateur devrait aider à la formation des alliances pour la réalisation d’un projet social sur la base d’un programme établi au lieu de ne voir en lui qu’un nombre de sièges attribué. Cette coalition serait ainsi déterminée par les électeurs au lieu qu’elle constitue l’issue de négociations menées a postériori entre les directions partisanes.
Pavé dans la mare qui n’engage que celui qui le lance ;après le vote, que le territoire national soit considéré comme une seule circonscription et calculons le quotient des suffrages exprimés sur le nombre de sièges à pourvoir.Tous les membres de la Chambre des Représentants seraient élus sur la même base, celle d’un quotient électoral national. Le plus fort reste donnera le siège au plus faible par rapport à ce dénominateur commun.
Trêve d’enzymologie électorale, du conclave sortira la fumée blanche qui se fera adoptée selon la procédure parlementaire. Au fait, le pays a besoin d’une vie politique saine et dynamique, le système électoral s’y fera par la force des choses ; car les modalités électorales ne font pas la politique, elles peuvent seulement, et dans une certaine mesure, l’expliquer.