Festival TalGuit’art d’Agadir: Une fête royalement somptueuse!

Après trois jours de régal sans égal, la fête de la guitare a cessé de vibrer sur le somptueux site du jardin d’Olhao. Le festival TalGuit’art vient de baisser le rideau, samedi dernier, dans la capitale du Souss, sous les ovations nourries du public fort admiratif des concerts dédiés à son adresse. « C’est le festival du peuple ! » disait un festivalier, lors de la cérémonie de clôture de cet événement de liesse et de tolérance, tenue samedi dernier au jardin Olhao. En fait, cette réflexion résume parfaitement la teneur de cette rencontre dans le plein air et la rue du quartier, là où déambulent les citoyens, sans VIP ni barrières ni services d’ordre et côtoient les stars en chair et en os.

C’est cela l’originalité et la spontanéité de cette activité qui valorise le lieu et l’instant. Dans la foulée, un autre festivalier émettait ceci : » Ce festival n’est pas comme les autres, il n’y a pas de protocole ni à l’ouverture ni à la fin! « . Un troisième ne pouvait pas se retenir face à cette fluidité populaire :  »  Il semble bien que cette fête est authentique, elle ne doit pas, sans doute, bouffer beaucoup d’argent, comme Timitar et Magazine, mais elle a l’air de plaire à la foule, traitée toute de la même manière ! ». Aussi bien pendant les trois soirées d’affilée qu’au coeur du quartier de Talborjt, notamment le long des six points de ronde de la rue Allal Benabdallah, la communion entre personnes (artistes et fans) était limpide.

Le concept du festival était donc bien conçu, fondé sur deux éléments fondateurs de l’idée: la guitare, en tant qu’instrument universel qui a drainé une cinquantaine d’artistes de talents de nombres de nations du monde et la rue, en tant que lieu libre et convivial. D’autant plus qu’il s’agit d’un ancien quartier de la ville servant de de réminiscence de l’ancien Talborjt démoli par le tremblement de terre de 1960. Malgré ce renvoi historique, le quartier rebaptisé était, au fil du temps, à coup sûr, relégué au second plan comparativement à ses homologues. Il ne fait alors pas de doute que cet événement qui rassemble les fils du terroir, mais également les rescapés de la ville et ses résidents, ainsi que ses visiteurs, contribuera certainement à la prise de conscience et l’incitation des décideurs de se pencher davantage sur ce quartier et sa symbolique commémorative.

Au-delà des shows musicaux qui ont meublé ces trois jours d’allégresse, on aura également apprécié fortement des activités parallèles qui n’ont pas manqué également d’intérêt. On citera, dans ce sens, l’exposition saisissante de la ville d’Agadir et plus particulièrement du quartier Talborjt d’avant et après le séïsme de 1960. Un réel voyage dans l’histoire d’une contrée des années 30, 40, 69. 60…qui relate la vie paisible et sereine d’une ville frappée par le cataclysme. Vendredi dernier, en fin d’après midi, sur initiative de l’association Izorane et le forum Agadir Mémory, organisateur du festival TalGuit’art, un parterre d’intellectuels a eu droit à un sympathique moment de dédicace du dernier livre du talentueux Larbi Babahadi, l’un des éminents pédagogues et artistes de la région ayant marqué des générations de sa façon de voir les choses et surtout son humilité, sa courtoisie et son immense savoir.

On ne peut clore cet écrit sans rendre un vibrant hommage au concepteur de ce créneau, l’artiste Said Moutia qui a pu, en compagnie d’une pléiade de bénévoles et militants, relever ce défi. Il avait cru en cette action et s’y est investi corps et âme. Aujourd’hui, le festival a plu et fait ses preuves. Sa pérennité dépendra de la même ardeur, mais également de l’implication de toutes les parties concernées par la promotion et l’animation du quartier et de la ville en général. La guitare est immortelle puisque c’est un produit de l’humanité. Le quartier est aussi durable puisqu’il regroupe des foyers et des ménages, constamment en quête de prospérité, de quiétude et de bonheur.

Saoudi El Amalki

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