Des fluctuations peu significatives sous l’œil vigilant de BAM

Abdelouahed Souhail : il ne faut pas laisser l’instinct de jeu de spéculation prendre le pas sur l’instinct de régulation économique

Après plusieurs  mois d’attente  et de report, le régime de change flottant est entré en vigueur depuis, hier lundi 15 janvier, à 11h. Entre souci de spéculation monétaire et l’ambition d’améliorer la compétitivité de l’économie nationale et celle de renforcer les réserves de changes, la libéralisation du dirham se fera de manière progressive et prendra le temps nécessaire avant de devenir totale.

La réforme du régime de change est aujourd’hui une réalité. L’annonce a été faite  à l’issue d’un Conseil de gouvernement tenue vendredi dernier. L’argentier du Royaume a expliqué qu’avec le nouveau régime, la parité du dirham sera déterminée par rapport à un cours central fixé par Bank Al-Maghrib sur la base d’un panier de devises composé de l’euro et du dollar américain à hauteur respectivement de 60% et 40%.

Autrement dit, la parité du Dirham sera déterminée à l’intérieur d’une bande de fluctuation de (-/+ 2,5%), contre  +/- 0,3% avant soit au total 5%.  Le ministre des finances  a précisé aussi  que Bank Al-Maghrib continuera à intervenir sur le marché des changes en vue d’assurer sa liquidité rappelant par ailleurs que la réforme intervient dans une conjoncture favorable marquées par la solidité du secteur financier et la consolidation des fondamentaux macroéconomiques, particulièrement, à un niveau approprié des réserves de change et une inflation maîtrisée.

Selon les premières informations, le dirham se négociait, hier, sur le marché au comptant autour de 9.2380 soit un niveau proche du maximum de la fourchette  fixé à 9.452 DH. Bank AL Maghrib a ainsi établit une fourchette de (8.9969 min // 9.4524 max) dirhams pour le dollar américain. La matinée de lundi était plutôt calme et la prudence était au rendez-vous.

D’ailleurs, la Banque centrale reste catégorique et ne peut tolérer aucune  spéculation sur les devises. BAM pourrait en effet intervenir le cas échéant sur le marché via des enchères régulières du dollar et d’autres devises. Elle peut  également surseoir à la fixation des cours de change d’une ou de plusieurs devise contre le dirham en cas de survenance  d’un événement majeur impactant les dites devises.

BAM a déclaré qu’elle interviendrait sur le marché si nécessaire grâce à des enchères régulières du dollar, et d’autres devises si nécessaire.

Pour l’économiste et expert financier, Abdelwahed Souhail, membre du BP du PPS, le risque majeur de ce nouveau régime est de voir l’instinct de jeu de spéculation  prendre le pas sur l’instinct de régulation économique et de voir le système de cotation complètement distant par rapport à l’économie réelle. Il rappelle que ce régime de change flottant répond aux injonctions du FMI pour faire comme l’ensemble des pays à système libéral.

Un système où la monnaie est considérée comme une marchandises qui obéit à la loi de l’offre et de la demande. Souhail explique qu’en cas de pénurie de la devise, la monnaie exprimée en dirham sera chère ce qui  se traduirait par le renchérissement des importations et l’amorce d’un processus inflationniste. Par conséquent, la prudence et la vigilance reste les maître-mots de cette période de lancement.

Fairouz El Mouden

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