Gambie: Le Président élu prête serment hors du pays…

«Moi, Adama Barrow, jure solennellement que je vais exécuter de manière fidèle la fonction de président de la République de Gambie, je m’engage à la préserver et défendre la Constitution de manière égale envers le peuple, selon la loi, sans peur, sans favoritisme, avec justesse et sans mauvaise volonté. Que Dieu me vienne en aide».

C’est en ces termes que ce jeudi 19 Janvier 2017 vers 17 h, heure locale, le Président élu de Gambie Adama Barrow a, comme le veut la Constitution du pays, prêté serment en tant que nouveau chef de l’Etat gambien devant le Président de l’Ordre des avocats et un parterre de responsables d’organisations régionales et internationales.

Le nouveau Chef de l’Etat gambien, persuadé «qu’aucun Gambien n’oubliera ce jour» a  appelé ses compatriotes à s’unir pour travailler ensemble et leur a promis de «gouverner en pensant à tous les gambiens et pas seulement à ceux qui ont voté pour lui. Il a, également, saisi cette occasion pour remercier les pays et les institutions internationales qui ont essayé de trouver une solution à la crise que traverse la Gambie du fait de l’obstination de l’ancien Chef de l’Etat.

Le Président Adama Barrow a, enfin, rappelé au chef de l’Etat major et aux officiers supérieurs gambiens qu’ils sont tenus de faire montre de loyauté à son égard en sa qualité de Commandant-en-chef des armées et de rester dans leurs casernes pendant que se profile à l’horizon l’intervention militaire africaine qui devra, en cas de besoin, chasser l’ancien Président Yahya Jammeh.

Tout semble, à priori, s’être déroulé comme l’avait prévu la Constitution du pays avec un seul hic, toutefois ; la cérémonie de prestation de serment a eu lieu en territoire étranger et non pas dans un stade de Banjul comme initialement convenu dans la mesure où l’ancien chef de l’Etat a décrété ce mardi l’état d’urgence pour quatre-vingt dix jours et fait valider celui-ci par une Assemblée nationale toute acquise à sa cause car dominée par son parti.

Ainsi, la cérémonie d’investiture du Président élu à l’issue du scrutin du 1er Décembre 2016 a eu lieu dans les locaux de l’ambassade de Gambie au Sénégal, des locaux insuffisants à contenir une assistance comprenant le ministre sénégalais des Affaires Etrangères, le Président de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’envoyé spécial de l’O .N.U. en Afrique de l’Ouest ainsi qu’un grand nombre d’ambassadeurs accrédités à Dakar et plusieurs autres personnalités.

Il en a été ainsi parce que Yahya Jammeh, l’homme qui, d’une main de fer, avait présidé aux destinées de la Gambie durant vingt-deux années, refuse toujours de se dessaisir du pouvoir malgré la médiation entreprise par le président mauritanien et le fait que les forces armées sénégalaises et nigérianes aient positionné leurs troupes le long de leurs frontières avec la Gambie pour intervenir en cas de besoin.

Il convient de signaler, à ce propos, que pendant le déroulement de la prestation de serment du nouveau président, l’aviation nigériane effectuait des vols de reconnaissance au-dessus de la capitale gambienne; ce qui a fait dire à un représentant de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest que l’ancien Président serait certainement «en train de revoir sa position (pour) se retirer» car, en cas de refus, les troupes africaines sont prêtes à intervenir pour le déloger dans le cadre de l’application du mandat de la CEDEAO.

Il convient de signaler, par ailleurs, que le Sénégal a soumis ce jeudi au vote du Conseil de Sécurité de  l’O.N.U. une résolution lui demandant de soutenir la CEDEAO «dans son engagement à assurer le respect de la volonté du peuple» et enjoignant l’ancien chef de l’Etat gambien «à mener un processus de transition pacifique et ordonné et à transmettre le pouvoir au Président élu».

Il n’y a donc plus qu’à espérer que le bon sens et la Raison vont l’emporter, que les gambiens pourront, désormais, évoluer dans le bien-être, la quiétude et la paix et, enfin, que ce petit pays africain ne puisse pas être, dans les prochains jours, le théâtre d’une réédition des évènements vécus par la Côte d’Ivoire du fait de l’entêtement de son ancien Président Laurent Gbagbo. Puisse-t-il en être ainsi pour le devenir de l’Afrique et des Africains!

Nabil Bousaadi

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