Hausse des dépenses et des prix des produits alimentaires

Le mois sacré du Ramadan rime toujours avec des changements dans les habitudes de consommation chez la majorité des Marocains. Ce mois de jeûne connait aussi des tensions inflationnistes qui touchent davantage  les produits alimentaires que les autres produits non alimentaires. La hausse des prix varie d’un produit à l’autre et touche beaucoup plus les poissons, les œufs et les fruits, les céréales, les viandes, le lait et produits dérivés. Les dépenses alimentaires quant à elles représentent pendant le Ramadan plus du tiers du total des dépenses et s’apprécient de plus de 16% au cours de cette période

L’envolée des prix des produits alimentaires avant et au cours du mois sacré du Ramadan devient au fil des années automatique voire inévitable. Le panier de la ménagère subit de plein fouet ces brutales hausses induites par le changement dans les habitudes de consommations.

Malgré les confirmations officielles des responsables du gouvernement sur le bon approvisionnement du marché local en produits alimentaires de grande consommation pendant le Ramadan et la multiplication des opérations de contrôle de la qualité et des prix des produits alimentaires, la situation reste non maitrisable. Les produits issus de la contrebande et la quantité importante des produits impropres à la consommation saisie à la veille et tout au long du mois sacré renvoient au poids des pratiques frauduleuses qui envahissent  le marché.

La hausse des prix des produits alimentaires a bel et bien commencé il ya quelques semaines avant le ramadan. Les prix des produits de la mer maintiennent leur hausse depuis quelques mois déjà. Dans les différents points de vente (marché, grandes surfaces et poissonneries mobiles ou autres), les tarifs restent inaccessibles et excessivement chers. Les crevettes basiques et de petites tailles coûtent 150 dirhams le kilo, les sols et le merlan reviennent à 80 dirhams le kilo et le prix peut atteindre 100 dirhams le kilo. Le prix du pageot a été également revu à la hausse pour se situer entre 120 et 150 dirhams le kilo. Les prix des  autres variétés les plus consommées pendant le ramadan  ne dérogent  pas à la règle. Il s’agit notamment des sardines fortement consommées en cette période. Leurs prix peuvent varier de 15 à 30 dirhams le kilo selon l’emplacement.

Ce phénomène de renchérissement des prix de vente touche aussi et surtout les viandes rouges  ou  blanches. Le kilo du poulet fermier s’élève à 70 dirhams contre 19 dirhams pour le poulet normal, soit une variation, sur le seul dernier mois, de plus 15 dirhams pour le premier et pratiquement 5 dirhams pour le second. Les viandes rouges connaissent la même tendance haussière et le prix change selon les variétés et le lieu de vente. En principe, les prix sont beaucoup moins chers dans les souks et la périphérie.

Les autres produits alimentaires, notamment les dattes, le beurre, les amendes, le miel, les pois chiches, les lentilles et la liste est longue affichent des hausses de prix jugées parfois exagérées.   Le Maroc a connu une production record des dattes cette année et pourtant, les prix n’ont pas baissé. Les figues sèches deviennent inaccessibles. Leurs prix s’élève à plus de 70 dirhams.

Du côté des fruits et légumes, la flambée des prix de vente n’est pas prête de s’estomper. Le prix de la  tomate, l’oignon,  le persil et le céleri subit des variations à la hausse importantes. Le kilo de tomate ne coûte pas moins de 8 dirhams et la frénésie  risque d’augmenter encore. Les prix des fruits, notamment les oranges, le melon, les pêches et les cerises restent en gros assez coûteux.

Les prix des produits pétroliers et ceux du transport urbain et interurbain poursuivent eux aussi  leur hausse à la défaveur du citoyen lambda.

Le changement dans les habitudes de consommation au cours du mois sacré du ramadan est-il le seul indicateur qui justifie la flambée des prix de vente des produits alimentaires de grande consommation pendant cette période ?  Probablement non. Certes le jeu de l’offre et de la demande agit pleinement dans cette période mais le fameux  jeu de l’intermédiation et de la spéculation fausse le jeu et amplifie le phénomène du renchérissement des prix des produits alimentaires.

Les effets du mois de ramadan sur les structures

et les prix de la consommation selon le HCP

En effet, les dernières statistiques (2016) du HCP révèlent que les changements de comportement pendant le Ramadan auront des impacts sur les évolutions des prix à la consommation. Les estimations tablent sur une appréciation totale que connaîtraient les prix des produits alimentaires, durant le mois de ramadan de 0,6%.
En 2016, les produits qui ont été les plus touchés par le processus inflationniste étaient les poissons, les œufs et les fruits. Les prix des poissons s’est inscrit en hausse de 6% durant le mois de juin dernier contre +3,3% pour les œufs et les fruits (agrumes et fruits frais).
En parallèle, le mois de ramadan est aussi à l’origine d’une configuration substantielle de la structure de consommation. Ainsi, les ménages dépensent plus d’un tiers de plus en alimentation (+37%). Cette augmentation de la dépense alimentaire touche toutes les catégories de la population et s’accroit au fur et à mesure qu’on avance dans l’échelle du niveau de vie (en passant de 22,5% à plus de 40% entre les deux classes extrêmes).
Les produits qui contribuent le plus à cette dépense supplémentaire sont les fruits (+163%), les viandes (+35%), les céréales (+35%) et le lait et produits laitiers (+47%).
Même si cette reconfiguration reste à l’avantage du panier alimentaire, à l’origine de 82% de la hausse constatée de la dépense globale durant ce mois, il n’en reste pas moins que d’autres rubriques de dépense subissent des modifications importantes. C’est le cas notamment de la rubrique du «transport et communication» (avec une hausse de 20% de la dépense dédiée) et de l’«habitat et énergie» (+3,7%). Fait important pour être souligné, la dépense d’habillement baisse de 13% en moyenne durant ce mois sacré, notamment en milieu rural (-17,3%). En définitive, la dépense en produits non alimentaires n’augmente que de 4,6%, ce qui est dû essentiellement au changement de comportement des citadins.

Fairouz El Mouden

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