Hausse des frais de scolarité: ces universités françaises qui disent non!

La nouvelle mesure du gouvernement français visant à augmenter les frais d’études pour les étudiants extra UE continue de faire débat. Près de trois mois après son annonce, 4 grandes universités de l’Hexagone ont annoncé récemment qu’elles n’appliqueraient pas cette mesure. Il s’agit de Clermont-Auvergne (UCA), Rennes, Lyon 2, Aix-Marseille… Les étudiants marocains pourront donc poursuivre leurs études dans ces établissements aux mêmes tarifs qu’actuellement.

En vertu d’un décret de 2013 qui leur donne le droit d’exonérer des étudiants étrangers de frais de scolarité, plusieurs universités françaises ont récemment annoncé leur décision de ne pas appliquer la hausse des droits d’inscription annoncée en novembre dernier par le gouvernement. En effet, selon ce décret, chaque université a la possibilité d’exonérer certains étudiants des frais d’inscription, dans la limite de 10% des étudiants inscrits. Même si ces 10% sont très faibles par rapport au nombre d’étudiants qu’ils accueillent (Sur 35 000 étudiants inscrits à l’UCA, 4000 sont extra européens), certaines universités ont déclaré ouvertement dès le début de l’année 2019, qu’elles maintiendraient les tarifs actuels pour tous les étudiants.

Ainsi, dans un communiqué, l’université Aix-Marseille  s’est opposée ouvertement à ladite hausse. «Nous avons voté à l’unanimité des membres du Conseil d’administration un texte qui refuse une telle augmentation pour l’année 2019-2020», peut-on lire dans le texte. «Aix-Marseille considère que la question de l’évolution du montant des droits d’inscription des étudiants internationaux extracommunautaires nécessite une large concertation, et que, celle-ci n’ayant pas eu lieu, il apparait que les conditions de mise en œuvre de ce nouveau dispositif ne sont pas réunies».

A l’Université Clermont-Auvergne, le président de l’Université dénonce une décision prise par le gouvernement sans concertation. L’Université estime que cette mesure, si elle est appliquée au sein de l’établissement, pourrait impacter ses formations, sachant que l’établissement offre des «filières francophones historiques», avec 60% de ses étudiants extra-UE, majoritairement africains. «Nous, c’est l’espace francophone qui constitue la majorité de nos étudiants étrangers, et cette filière-là va effectivement se retrouver en danger», poursuit l’établissement. A Lyon 2, un communiqué de l’université juge que la nouvelle stratégie du gouvernement est diamétralement opposée au principe d’une «université française ouverte sur tous».

Plus tôt, la Conférence des présidents des Universités (CPU) avait déjà émis une fin de non recevoir à l’augmentation des frais de scolarité pour les étudiants hors UE. Dans un communiqué publié en décembre 2018, le CPU avait tiré à boulets rouges sur cette mesure, jugeant que «la France peut continuer à être le 1er pays d’accueil des étudiants hors pays anglophone si elle sait prendre les bonnes décisions, sans précipitation et se donner le temps de mesurer l’impact des choix effectués». «La France doit consolider ses liens particuliers avec la francophonie. Elle doit rester un pays fidèle à ses valeurs et ouvert sur le monde», avaient-ils déclaré.

Sachant que la plupart des étudiants étrangers impactés par cette mesure consistant à multiplier par 15 les frais de scolarité, étaient originaires de l’espace francophone et d’Afrique. A dire qu’il se pourrait que d’autres universités rejoignent la liste des établissements réfractaires  à cette nouvelle mesure.

En novembre 2018, Edouard Philippe, premier ministre français, avait annoncé « la stratégie d’attractivité pour les étudiants internationaux » visant à redorer le blason de l’université française et à attirer des étudiants d’autres horizons que francophones. Selon cette mesure, les tarifs d’inscription pour les étudiants n’appartenant pas à l’espace européen devraient passer dès la rentrée 2019/2020, de 170 et 243 euros à 2770 et 3770 euros, respectivement pour la licence et le master.

Une décision fortement critiquée, notamment par l’Union nationale des Etudiants de France (UNEF)  qui a estimé que le coût des études pour les étudiants étrangers était déjà assez élevé, entre le coût du test de français, le dossier déposé auprès de campus France, le coût du visa et celui du billet d’avion. Au Maroc, l’association des parents d’élèves de l’enseignement public français (PEEP) s’est mobilisée mercredi 16 janvier contre cette hausse des frais de scolarité, déclarant ne pas vouloir d’études gratuites, mais simplement des frais de scolarité abordables, sachant qu’il y a également des familles modestes qui envoient leur progéniture étudier en France.

Danielle Engolo

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