“J’ignore si mes tableaux sont surréalistes ou pas, mais je sais qu’ils sont l’expression la plus franche de moi-même”, Frida Kahlo.

Abdelkader Rhorbal, le «Dali» marocain…

Mohamed Nait Youssef

Né en 1949 à Fès, Abdelkader Rhorbal est l’un des artistes marocains doués ayant excellé dans le surréalisme. Autodidacte, le peintre est connu par ses univers fantastiques, hyperréalistes, oniriques et  impressionnants, mais aussi par son langage plastique raffiné et créatif. Par ailleurs, Rhorbal, surnommé le «Dali» marocain, a apporté au surréalisme sa propre  touche en travaillant sur le patrimoine, ainsi que des thèmes puisés dans la culture et le quotidien des marocains.

«Le choix du surréalisme était par pur hasard. Au départ, je faisais du réalisme ; les  paysages, la nature… En 1975, j’étais dans un petit patelin où il n’y avait presque  rien à faire ni à voir à l’extérieur. Par ailleurs, c’est à ce moment là où j’ai commencé à peindre, à méditer la nature et le paysage. À l’époque, je peignais avec les moyens du bord. Il faut avouer que la peinture était pour moi; une échappatoire, un passe-temps.», nous confie l’artiste peintre.

Et d’ajouter: «en 1982, je me suis installé à Safi où j’ai rencontré de grands artistes. En effet,  j’avais cette chance d’exposer mes premières toiles dans le cadre d’un festival qui avait réuni une belle brochette de peintres, entre autres, l’aquarelliste Hamid Begar».

Cette période était assez importante dans le parcours de l’artiste qui multipliait ses recherches et découvertes en mettant la main à la pâte.

«Je suis tombé sur un livre de Dali qui m’a fasciné par sa palette, sa perspective et ses compositions. C’est à ce moment là où j’ai commencé véritablement à travailler sur le surréalisme en entamant des recherches», a-t-il révélé.

Et pour se démarquer des autres styles des peintres de son temps, Rhorbal Abdelkader a apporté une touche purement marocaine à son travail en intégrant le patrimoine, l’architecture, les habits et les objets de sa culture originelle.

«J’ai toujours rêvé de faire la première exposition surréaliste au Maroc», a-t-il affirmé.

Pour s’inspirer, il faut voir beaucoup de choses, il faut voyager à la quête des bonnes lumières et cultures. En effet, le peintre a sillonné les villes marocaines  pour s’inspirer de la nature, du quotidien des gens, des souks et des détails de la vie quotidienne. Pour lui, rien n’est gratuit. Car, le choix du thème est très important, voire majeur.

En  1986, il a décroché la médaille d’Or « peinture à l’huile Figurative », à  Rome, en Italie. En France,  il a eu le 1er Prix du Festival Int. De l’Art Contemporain sur la Musique, en 1995.

«Il faut être un vrai réaliste pour dépasser cette réalité au niveau des formes pour mieux maîtriser le surréalisme. Effectivement, l’harmonie au niveau des compositions est centrale dans le travail d’un artiste.», a-t-il rappelé.

Les contes ont nourri l’imaginaire du peintre. En effet, ses lectures ont également influencé son travail pictural.

«Je lisais beaucoup de livres surtout les histoires et les récits qui me faisaient voyager. C’est ainsi ma pensée est devenue très large et ouverte grâce aux lectures diverses et riches.», a-t-il indiqué.

L’artiste libère sa verve et sa raison de toute entrave freinant sa créativité. Il met en toile des personnages et des objets dans des mondes surréalistes, oniriques et fantastiques et rêvés.

«Je travaille avec de la peinture à l’huile sur une toile professionnelle déjà préparée. Certes que la plus part des artistes disent qu’ils préparent leurs propres toiles, mais la préparation ces dernières n’ont  pas de normes précises parce qu’il y a certaines matières ne sont pas homogènes et qui, parfois, ne riment pas en les mélangeant».

Pour explorer un nouveau champ plastique, Abdelkader Rhorbal se donne à l’art abstrait qu’il considère comme un jeu de couleurs qui pourrait être réussi ou le contraire, et ce par le bais des mouvements, des traits et des touches qui donnent une bonne visualité.

En revanche, dit-il, dans le surréalisme chaque tableau a sa propre palette. Aux côtés du réalisme, surréalisme et abstrait, l’artiste a travaillé des timbres (15 sur 10) avec une touche artistique qui lui a donné une opportunité d’exercer une technique pointue.

«Dans la peinture, faire sortir de la lumière et maîtriser la perspective sont des tâches les plus difficiles», a-t-il souligné.

Abdelkader Rhorbal vit et travaille à Salé.

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