John Toshack, l’homme qui sait parler aux poulains

En 2014, John Toshack est nommé entraîneur de l’équipe du Wydad de Casablanca au Maroc. Pour sa première saison en Afrique, il parvient à remporter le titre du championnat marocain à une journée de la fin. En 2015, il est en train de rééditer, de belle manière, son exploit. Son secret : Mister John mène ses joueurs comme il a été lui-même entraîné.

Né le 22 mars 1949, Toshack a fait ses premières apparitions à Cardiff City, le club de sa ville natale et cinq ans plus tard, le jeune attaquant est déjà un héros local. Il marque quasiment un but par match et décide de quitter le Pays de Galles pour l’Angleterre.

Frankly Mister Shankly se l’offre pour 110.000 Livres Sterling et John rejoint les Reds de Liverpool en novembre 1970. La première année, Toshack a du mal à s’imposer en équipe première. Un Gallois, c’est un peu un plouc aux yeux des Anglais, fussent-ils du nord. Mais la saison suivante, Kevin Keegan débarque sur les rives de la Mersey et les deux hommes s’entendent à merveille. Ensemble, lui le géant et lui le lutin vont faire des ravages dans les défenses anglaises et européennes.

John Toshack est un avant-centre robuste et efficace, redoutable de la tête car il mesure six pieds et un pouce. Avec Liverpool, il inscrit la bagatelle de 96 buts en 246 matches. L’international gallois (40 sélections) gagne trois fois le Championnat, une fois la Cup, et remporte à deux reprises la Coupe UEFA (en 1973 contre Mönchengladbach et en 1976 contre Bruges).

Titulaire indiscutable et indiscuté à Liverpool, il remporte également avec son irrésistible équipe, la Coupe d’Europe des Clubs champions en 1977 et en 1978… face aux mêmes adversaires (Mönchengladbach en 1977, Bruges en 1978) !

S’il ne joue pas la finale contre les Allemands, Toshack participe au quart de finale contre Saint-Etienne en 1977. Au match aller à Sainté, il doit sortir sur blessure. Au match retour, il explose le nez de Merchadier dans un duel aérien avant de laisser sa place au bourreau des Verts, la carotte bionique David Fairclough. Première rencontre entre lui et l’ASSE, à son avantage déjà.

A l’été 1978, Toshack retourne dans son pays natal et porte les couleurs de Swansea City jusqu’en 1984, ne disputant plus qu’une dizaine de matches par saison. C’est d’ailleurs dans la ville natale de la sublime Catherine Zeta-Jones que John fait ses débuts d’entraîneur. Une reconversion probante car «Coach Toshack» parvient à hisser le club de la quatrième à la première division britannique. Cette flatteuse réputation va permettre à Big John d’entamer une tournée européenne à rendre jaloux les Stereophonics et les Manic Steet Preachers réunis : le Sporting du Portugal (1984-85), la Real Sociedad (1985-89), le Real Madrid (1989-91), de nouveau la Real Sociedad (1991-95), La Corogne (1995-97), Besiktas Istanbul (1997-99) et de nouveau le Real Madrid (juillet-novembre 1999). Usé par son fan club espagnol, John est alors sollicité par Alain Bompard et Gérard Soler pour remplacer Robert Nouzaret, fraîchement débarqué à l’automne 2000.

Entraîner comme on a été entraîné

L’ex-international, qui compte 40 sélections et 13 buts à son actif, a acquis une grande expérience des qualifications pour l’épreuve suprême (Coupe du monde), que ce soit en tant que joueur ou en tant que sélectionneur du Pays de Galles. Il n’a toutefois jamais pu prendre part à la Coupe du Monde de la FIFA. La carrière de l’ancien attaquant n’en demeure pas moins impressionnante : il a remporté à trois reprises le championnat d’Angleterre avec Liverpool et deux fois la Coupe de l’UEFA. En huit ans, il a disputé 250 matches et inscrit près de 100 buts sous le maillot des Reds.

«Deux souvenirs m’ont particulièrement marqué», raconte-t-il à propos de cette riche carrière. «D’une part mon but en 1974 contre Barcelone (1:0) et d’autre part les 38 réalisations d’Hugo Sanchez en 1990. Il m’a offert le titre de champion d’Espagne avec le Real Madrid».

Son expérience dans la capitale espagnole lui a permis de diriger un vestiaire de stars, comme l’était celui de Liverpool lorsqu’il portait les crampons. «Il faut savoir parler aux joueurs», souligne Toshack, évoquant sa manière de travailler. «J’entraîne mes hommes de la façon dont j’étais entraîné moi-même, il y a 40 ans à Liverpool».

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