Journée à haut risque pour Boris Johnson, sur la sellette

« Partygate »

Boris Johnson s’apprête à passer sur le gril des députés britanniques mercredi et à défendre coûte que coûte sa place de Premier ministre, désormais suspendue à la publication d’un rapport potentiellement explosif sur les fêtes tenues à Downing Street pendant les confinements.

La classe politique britannique retient son souffle avant que soit rendues publiques les conclusions de la haute fonctionnaire Sue Gray sur ces différentes garden parties, pots de départ ou fête d’anniversaire dans les cercles du pouvoir qui ont choqué les Britanniques, contraints par la loi à l’époque de restreindre drastiquement leurs contacts.
Après une journée de spéculations et informations contradictoires sur le moment où sera publié ce rapport, la presse britannique estime que cela pourrait arriver dès mercredi.
Avec la séance hebdomadaires des questions des députés à 12H00 GMT, les prochaines heures s’annoncent déterminantes pour Boris Johnson, qui a commencé la journée par un jogging au petit matin, en short, chemise et bonnet, avec son chien Dilyn.

Faisant monter encore la tension, la police s’est aussi saisie de l’affaire annonçant mardi enquêter sur plusieurs « événements » afin d’établir s’il y a eu des « violations potentielles des règles liées au Covid-19 », passibles d’amendes.
L’opposition n’a pas attendu les conclusions de ces rapports pour appeler à la démission du dirigeant conservateur de 57 ans, qu’ils accusent d’hypocrisie et de mensonges.
Même au sein de la majorité conservatrice de Boris Johnson, la colère gronde. S’il a jusqu’à présent échappé à un vote de défiance, qui peut être déclenché à la demande de 54 (sur 359) députés de son camp, Boris Johnson reste en position très délicate.

Si certains ont déjà demandé publiquement son départ, d’autres frondeurs attendent la publication du rapport de Sue Gray pour décider de tenter ou non d’évincer leur leader. Reste à savoir s’il sera publié en totalité, photos, messages et témoignages à la clé, ou dans une version allégée.
Devant les députés, Boris Johnson a salué mardi l’ouverture de l’enquête policière espérant qu’elle « donnera au public la clarté dont il a besoin et aidera à mettre ces questions derrière nous ». Selon son porte-parole, il « coopérera pleinement » à ces investigations.

Elles le plongent dans une tourmente jamais vue depuis son accession triomphale au pouvoir à l’été 2019, avec une popularité en chute libre et des députés de sa majorité ouvertement hostiles.
Espérant rebondir, le Premier ministre a annoncé la levée des dernières restrictions liées au Covid à partir de jeudi, espérant regagner la faveur de l’opinion dans un pays soumis à de longs confinements et fortement endeuillé par la pandémie qui y a fait plus de 154.000 morts.

Mais régulièrement, de nouvelles révélations viennent accabler le dirigeant.
Dernière en date: l’organisation d’une fête organisée par sa future épouse Carrie dans la salle du conseil des ministres à l’occasion de son anniversaire le 19 juin 2020 après-midi, lors du premier confinement.
Selon ITV, jusqu’à 30 personnes y auraient participé.

Une nouvelle difficile à digérer pour les Britanniques qui s’étaient pliés aux règles. La reine Elizabeth II elle-même avait fêté son 94e anniversaire dans la discrétion, le 21 avril 2020, sans sa famille.
« Le Premier ministre a présenté ses excuses pour ce qui s’est passé. Il a dit que des erreurs avaient été commises », l’a défendu mercredi sa ministre des affaires étrangères, Liz Truss, insistant sur le « travail fantastique » du chef du gouvernement, de la mise en oeuvre du Brexit à la campagne de vaccination sur le Covid-19.
La cheffe de la diplomatie a ajouté qu’il ne faudrait plus attendre longtemps pour connaître les conclusions du rapport de Sue Gray.

Pour le Labour, principal parti d’opposition, le sort de Boris Johnson est scellé.
« Nous n’avons pas besoin du rapport de Sue Gray pour savoir que Boris Johnson doit partir », a écrit la numéro deux du parti, Angela Rayner dans une tribune publiée par le site Politico. Dénonçant « une culture très claire de mépris total des règles et des convenances à Downing Street », elle a affirmé que cette culture « vient uniquement de la personne qui dirige ».

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