Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI
C’est en étant accompagné de sa fille, qu’il a montré pour la première fois au public, et dans un contexte de tensions croissantes dans la péninsule coréenne, que, ce vendredi, le leader nord-coréen Kim Jong-un a supervisé le lancement de son dernier missile, le Hwasong-17.
Appelé également « missile monstre », l’énorme projectile, qui semble être l’arme la plus redoutable et la plus puissante dont disposerait le pays, aurait atteint, selon l’agence nord-coréenne KCNA, « une altitude maximale de 6.040,9 kilomètres et parcouru une distance de 999,2 kilomètres » avant « d’atterrir, avec précision sur la zone prédéfinie » dans la mer du Japon.
Mais si KCNA a ajouté, par ailleurs, que ce « tir d’essai a clairement prouvé la fiabilité de ce nouveau système d’armement stratégique majeur » dit « ICBM » et attesté « qu’une fois de plus les forces nucléaires de la RPDC ont atteint une nouvelle capacité maximale fiable pour contenir toute menace nucléaire », Soo Kim, une ancienne analyste de la CIA qui travaille aujourd’hui pour RAND Corporation, a ajouté, pour sa part, que le nouveau tir de missile effectué par Pyongyang confirme « la permanence du programme d’armement du régime des Kim car il fait partie intégrante de sa propre survie et de la continuité du règne de sa famille ». Ainsi, après que Pyongyang ait indiqué avoir testé, le 24 mars dernier, un Hwasong-17 et que Séoul ait mis en doute cette affirmation, Joseph Dempsey, chercheur à l’Institut International d’Etudes Stratégiques (IISS), a reconnu que le lancement de ce missile balistique qui, selon Séoul et Tokyo, serait intervenu après toute une série d’essais militaires effectués par la Corée du Nord début novembre, « est significatif car il s’agit (probablement) du premier essai réussi ».
Pour rappel, quand Kim Jong-un avait déclaré, en septembre dernier, que le statut d’Etat nucléaire de la Corée du Nord était « irréversible », Séoul et Washington avaient répondu en menant, dans la région, deux semaines plus tard, les plus grandes manœuvres militaires conjointes de leur Histoire.
C’est dans le cadre de ces exercices que, ce samedi, l’armée sud-coréenne a annoncé qu’un bombardier américain B-1B a été redéployé dans la péninsule coréenne.
Mais, en ne voyant, dans ces démonstrations de force, qu’un test de préparation pour l’invasion de la Corée du Nord et le renversement de son régime, Kim Jong-un a qualifié celles-ci d’« exercices de guerre d’agression hystérique » et promis de leur opposer une riposte « féroce » et de réagir « résolument aux armes nucléaires par des armes nucléaires et à un affrontement total par un affrontement total sans merci ».
Or, dès que le leader nord-coréen a déclaré, comme à son accoutumée et de manière claire et sans équivoque, qu’il recourrait à la bombe atomique si son pays venait à être victime d’une attaque nucléaire, le Conseil de Sécurité des Nations-Unies s’est empressé de programmer la tenue d’une réunion à l’effet de discuter de la situation comme si l’instance onusienne s’attendait à une autre réponse de la part de Kim Jong-un alors même que ce dernier n’a fait que répéter ce qu’il a toujours affirmé pour dissuader ses ennemis ; à savoir, qu’il poursuit son programme nucléaire et balistique afin d’être prêt à se défendre en cas d’attaque nucléaire.
Doit-on comprendre, par-là, que, depuis le déclenchement de la Guerre d’Ukraine, l’arsenal nucléaire entreposé dans un grand nombre de pays a été délesté de son caractère dissuasif et qu’il serait prêt à l’emploi au risque d’emporter toute la planète dans sa déflagration ?
Attendons pour voir…
Nabil EL BOUSAADI