La famine tue autour du Lac Tchad…

La situation de désolation qui sévit en Syrie, en Irak ou encore au Yémen semble avoir éclipsé le désastre humanitaire qui, depuis plus de sept ans, persiste autour du Lac Tchad alors même qu’il aurait fait plus de 20.000 morts et poussé à l’exode près de 2,5 millions d’individus…

D’après un sondage effectué par la Fondation Thomson Reuters auprès de 19 organismes d’aide humanitaire, ce seraient près de 8 millions de personnes qui, autour du bassin du Lac Tchad, auraient été ignorées par la communauté internationale alors même qu’elles sont doublement victimes à la fois d’une guerre sans merci et d’une crise écologique sans précédent avec « des niveaux terrifiants de sous-nutrition infantile ». Pourquoi ? Tout simplement parce que les conflits en Syrie et en Irak avec leurs lots de réfugiés et de migrants auraient d’avantage retenu l’attention de la communauté internationale. Serait-ce parce qu’il s’agit là de grands marchés d’armement ? J’ai peine à y croire…

Cette situation malheureuse situation a fait dire à la directrice humanitaire de Caritas, Mme Suzana Tkalec, que « la Syrie m’a brisé le cœur mais avec les souffrances humaines extrêmes et presque aucune couverture médiatique, la crise alimentaire provoquée par BokoHaram au Nigéria et au Niger a été la pire du genre ». En effet, après avoir causé la mort de dizaines de milliers de personnes, cette crise a poussé à l’exil près de 2,5 millions d’individus provenant du Niger, du Nigéria, du Cameroun et du Tchad et affamé près de 7 millions de personnes dans une région où l’insécurité qui règne ne permet même pas aux organismes humanitaires de venir en aide aux victimes.

Considérant que, du fait de la fermeture des frontières et de l’effondrement de l’agriculture, la nourriture est devenue « hors de prix » OgnjenRadosavljevic, le Directeur des programmes d’International Medical Corps tire la sonnette d’alarme estimant qu’il serait grand temps «que la communauté internationale se réveille face aux atrocités dans la région».

Bien que le manque d’eau, de nourriture et de soins font que la situation revêt une extrême urgence puisque la malnutrition et le paludisme tuent chaque jour des dizaines d’enfants, l’approvisionnement en vivre et en matériel médical est extrêmement risqué puisque les attaques quotidiennes de Boko Haram sont d’une violence inouïe. Ainsi, il faut parfois passer des heures sous le feu nourri de Boko Haram pour avancer d’à peine quelques kilomètres sur des artères éventrées parsemées par les engins explosifs qui y ont été disséminés par les jihadistes de la nébuleuse terroriste.

Ainsi, si l’on en croit le Comité International de la Croix Rouge (C.I.C.R.) ce sont plus de 9 millions qui, dans cette région, auraient besoin d’une aide d’urgence car outre la faim les personnes déplacées souffrent également d’un manque d’accès aux soins entraînant immanquablement une prolifération du VIH et de toutes sortes de maladies plus meurtrières les unes que les autres.

Il convient de signaler, enfin, que la superficie du Lac Tchad, bien qu’étant encore l’un des plus grands d’Afrique, aurait été divisée par dix du fait de l’assèchement qui, depuis les années 1960, le touche inexorablement ; ce qui n’est pas pour faciliter les choses…

Nabil El Bousaadi

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