La force des images et la beauté époustouflante de l’écriture.

Entretien avec Bouchta Farqzaid

Par Noureddine Mhakkak

Bouchta Farqzaid. Né à Khouribga (Maroc). Études universitaires au Maroc et en France. A écrit des dizaines d’articles (image, cinéma, critique) et des nouvelles dans la presse marocaine (Al Bayane, Libération, Le Reporter, …etc.) et des revues spécialisées « Cine.ma », « Cine.Mag». Communications sur le cinéma. Docteur en Littérature Générale et Comparée, il est actuellement professeur universitaire à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines, Université le Sultan Moulay Slimane, Beni Mellal, Maroc. Il a publié les ouvrages suivants : « L’Image chez Roland Barthes », « Cinéma marocain », « Photographie et cinéma », « Cinéma et Littérature », « Pour un cinéma au pluriel » et bien d’autres.

Que représentent les arts et les lettres pour vous ?

  Les Lettres et les Arts me permettent d’abord de vivre d’autres vies, voir d’autres univers, de rencontrer d’autres créatures. Sans ces premiers ma vie serait une grande erreur, pour répondre un peu Nietzsche. Ils m’ont permis de renaître. La bande dessinée m’était d’un très grand secours lors de mon enfance avant que je découvre le monde du théâtre et du cinéma qui m’ont éclairé le chemin. Autodidacte, le premier livre que j’ai lu était « Ainsi m’a raconté Abou Houraira » du tunisien Mohamed Masaidi. J’en étais absolument fasciné par la force des images et la beauté époustouflante de l’écriture.

Que représente l’écriture pour vous ?

La lecture est un acte rituel qui ponctue ma journée. Je lis entre six et huit heures par jour. Mes lectures sont principalement en arabe et en français et concernent pratiquement le cinéma, la philosophie et la littérature. En réalité, j’écris en prenant des notes et j’écris en rédigeant des textes d’essai ou de fiction. Pour moi, la lecture est une nécessité, l’écriture un désir.

Parlez-nous des villes que vous avez visitées et qui ont laissé une remarquable trace dans votre parcours littéraire.

La ville qui a beaucoup marqué est d’abord Khouribga, ma ville natale, où j’ai passé une enfance malheureuse, très malheureuse, dans une famille très pauvre. J’ai fait l’expérience, comme les autres enfants de mon quartier, de l’horreur des maladies, de la violence, de la pénurie de la nourriture, de la mort des proches, de l’injustice.

Viennent ensuite Marrakech, Tanger, Paris et Bologne. Pour moi, ce sont des villes romanesques/imaginaires. Je m’y sentais un personnage de roman. J’y ai le sentiment que je suis le personnage principal et les autres ne sont que des figurants. Mots et mets sont indissociables. Ballades, rencontres, études…

Que représente la beauté pour vous ?

 La notion de beauté est relative. Elle est déterminée par des facteurs culturels, cultuels et psychologiques. Ainsi, la beauté de la femme en Afrique noire est un exemple frappant (la femme-girafe). Pour moi, il s’agit de quelque chose, naturel ou artistique, qui émeut, secoue mon esprit. Un paysage, un tableau de peinture, un film, une chanson, un geste, une rencontre, un mot… La beauté relève de la jouissance et du plaisir. Car, ce dernier est du côté du banal, du public, de la bêtise. La beauté a une dimension tragique ; elle couronne le héros qui lutte contre la laideur de la vie pour vivre ou mourir sous les auspices du bonheur. Autrement dit, la beauté est toujours dionysiaque non apollonienne. 

Parlez-nous des livres que vous avez déjà lus et qui ont marqué vos pensées

Quelques livres m’ont vraiment marqué comme « Ainsi m’a raconté Abou Houraira » du tunisien Mohamed Masaidi, L’Étranger d’Albert Camus, La Chambre claire de Roland Barthes, Ainsi parlait Zarathoustra de F. Nietzsche. Pour les films, il y a Mirage d’Ahmed Bouanani, Yeleen (Lumière) de Suleiman Cissé Le Salon de la musique de Satyajit Ray, Le Cuirassée Potemkine de Sergueï Eisenstein, La Momie de Shadi Abdessalam …

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