Coût de la vie et prix des produits de base
Par Fairouz EL Mouden
La flambée des prix des produits de base se poursuit toujours. Le coût de la vie aussi grevant de plein fouet le pouvoir d’achat du consommateur. La forte montée des cours touche une large gamme de produits à savoir le blé, le sucre, le maïs ou encore le pétrole et le gaz butane. Des niveaux record sont atteints. La reprise de la demande et les contraintes sur l’offre laissent présager une tendance haussière en perspective.
Les tensions inflationnistes ne cessent de s’intensifier. Sur les neuf mois de l’année en cours, l’indicateur d’inflation affiche une hausse annuelle de 2,2% indique le HCP. Lequel explique que l’indice des produits alimentaires a augmenté de 1,2% et 0,2% pour les produits non alimentaires dont principalement les prix des carburants.
Le renchérissement des produits alimentaires concerne le «pain et céréales» avec 4,6%, les «Huiles et graisses» avec 2,5%, les «viandes» et le «lait, fromage et œufs» avec 0,6%, les «fruits» avec 0,5% et les «légumes» avec 0,3%, note le haut commissariat au plan. La seule baisse des prix a été observée au niveau des poissons et fruits de mer qui se sont repliés de 2,5% et des eaux minérales et boissons rafraichissantes de 0,4%. Pour les produits non alimentaires, les variations vont d’une baisse de 0,4% dans les «Communications» à une hausse de 5,8% pour les «Transports».
Au niveau international, la flambée des prix a touché les produits de base de grande consommation, annonce la DPEF (direction des études et prévisions financières) dans son bulletin du mois d’octobre. Ainsi, les cours du blé tendre (SRW) ont enregistré 271 dollars la tonne en moyenne sur les neuf premiers mois de 2021, en hausse de 22% en glissement annuel. Une hausse qui s’explique par les inquiétudes sur l’état des cultures, conséquence d’une forte sécheresse en Amérique du Nord et des pluies en Europe.
Les cours du maïs se sont élevés à 262 dollars la tonne en moyenne, leur plus haut niveau depuis mi-2013, progressant de 67% en glissement annuel. Les cours ont toutefois, reculé à 231 dollars la tonne en moyenne en septembre, en baisse de 10% sur un mois et de 24% depuis leur pic de mai, suite à des rendements meilleurs que prévu en Argentine et à des perspectives de production favorables aux États-Unis, note la DPEF.
Les prix du soja ont enregistré 594 dollars la tonne en moyenne en hausse 56% en glissement annuel, expliqué par une forte demande à l’exportation et la baisse des disponibilités mondiales. «Ils ont atteint un pic de 647 dollars la tonne en mai, avant de reculer à 558 dollars en septembre, ramenant leurs gains à 9% depuis début 2021 et à 32% sur un an ».
Les prix mondiaux du sucre brut (ISA) se sont élevés à 379 dollars la tonne en moyenne en progression de 38% sur un an. Ils ont atteint 432 dollars la tonne en septembre, leur plus haut niveau depuis mars 2017. « La tendance haussière des prix sucriers est tirée par une forte demande cette année, des disponibilités mondiales diminuent, des exportations indiennes limitées par une pénurie de conteneurs et des perspectives de récolte moins favorables au Brésil, en Russie, dans l’UE et en Thaïlande » estime la DPEF.
Au niveau des cours du pétrole (Brent) on enregistre 67 dollars le baril en hausse annuelle de 62%. Les prix ont atteint 75 dollars en moyenne en septembre. Cette forte hausse reflète une gestion prudente de l’offre de l’OPEP et une forte reprise de la demande mondiale.
Encadré
Forte flambée des prix du butane
Les prix du gaz butane se sont situés à 575 dollars la tonne en moyenne, soit une hausse annuelle de 62%. Ils ont atteint 712 dollars la tonne en moyenne en septembre, leur plus haut niveau depuis sept ans soit une hausse de 92% sur un an.
Les cours du butane ont poursuivi leur remontée pour atteindre un pic de 888 dollars la tonne la mi-octobre, en hausse de 22% sur un mois et de 67% depuis début 2021. La reprise de la demande et les contraintes sur l’offre énergétiques renvoient au niveau record enregistré par les prix du gaz naturel en Europe. La direction des études économiques et financières attribue l’envolée récente des prix du gaz naturel en Europe à plusieurs facteurs dont notamment la faiblesse des stocks de gaz à l’approche de l’hiver (besoins importants en chauffage) ; une offre plus serrée que prévu, avec la réticence de la Russie à envoyer des volumes de gaz supplémentaires à l’Europe via l’Ukraine ; baisse de la production européenne ; reprise de la demande poste-pandémique ; forte concurrence mondiale pour le GNL (gaz naturel liquéfié) ; augmentation des prix de carbone.
Aussi, les stockages de gaz en Europe ont été largement épuisés, suite à un hiver 2021 long et froid, alors qu’ils étaient quasi pleins fin 2020.
Par ailleurs, les prix de l’énergie électrique ont flambé (+220% depuis début 2021 sur le marché de référence allemand). Cette évolution reflète une globalisation croissante de ce marché. A court terme, l’équilibre offre-demande sur le marché gazier européen restera inhabituellement serré à l’approche de l’hiver, accentuant les pressions haussières sur des prix déjà à des niveaux record. A moyen terme, les perspectives restent favorables pour les prix gaziers, grâce à une demande croissante et à des politiques d’énergie verte qui encouragent l’adoption du gaz naturel dans la transition énergétique.